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« Le recours au privé doit se faire de manière contrôlée »

SANS | publié le : 25.11.2003 |

E & C : Qu'est-ce que la fin du monopole de l'ANPE va changer ?

J. M. : Le monopole de l'ANPE n'a jamais été total en droit et encore moins en fait. Dès le premier texte, en 1945, une entreprise avait déjà la possibilité de passer une petite annonce pour recruter, puis, en 1986, une ordonnance a permis de déléguer le placement de demandeurs d'emploi à d'autres acteurs tels que les mairies ou des associations comme les missions locales. Les cabinets de recrutement sont également admis. De fait, aujourd'hui, l'ANPE ne relaie plus que 38 % à 40 % des offres d'emploi. Cette ouverture de l'activité de placement s'est, d'ailleurs, produite dans d'autres pays européens.

E & C : Quel bilan tirez-vous des expériences étrangères ?

J. M. : En Angleterre, par exemple, l'ancien opérateur public s'est associé à deux opérateurs privés pour former un consortium, Working Links, pour reclasser des chômeurs de longue durée dans des bassins d'emploi donnés, sur appel d'offres et en fonction d'un cahier des charges très précis. L'activité des opérateurs privés n'est donc pas nécessairement en contradiction et en concurrence avec le placement public. Bien qu'avec des modalités différentes, la situation est similaire aux Pays-Bas : les initiatives privées sont, à chaque fois, complémentaires du service public. Par ailleurs, on peut remarquer que le recours aux prestataires privés ne se fait pas pour tous les publics, mais plus particulièrement pour les publics plus difficiles à reclasser. En ce sens, ce n'est pas une substitution pure et simple de l'activité de l'ANPE.

L'autre constat intéressant est que le recours au privé se fait de manière contrôlée, en intéressant les opérateurs aux résultats en termes de reclassement d'une certaine durée afin de ne pas financer aveuglément ou forfaitairement ce type d'activité. En revanche, il n'existe pas encore, à ma connaissance, d'évaluation très précise sur le rapport coût/efficacité de ces prestations.

E & C : Quand terminerez-vous votre rapport ?

J. M. : Probablement à la mi-janvier, pour laisser le temps au gouvernement de prendre en compte ce travail dans le cadre de la préparation d'un projet de loi plus global sur le marché du travail, qui pourrait être présenté au deuxième trimestre 2004. Je dois encore me rendre aux Pays-Bas, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Champagne-Ardenne.

(1) Ancien directeur de l'ANPE et ancien directeur des relations du travail au ministère de l'Emploi.

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