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Les entreprises d'insertion dans le doute

SANS | publié le : 25.11.2003 |

Après une privatisation progressive, les acteurs de la réinsertion doivent affronter la dégradation du marché de l'emploi.

L'Etat néerlandais a longtemps assumé seul la réintégration des chômeurs dans le monde du travail. Mais, depuis une dizaine d'années, les pouvoirs publics interviennent de moins en moins sur le marché de l'emploi, laissant peu à peu la place au privé.

Guichets uniques

Il y a trois ans, la restructuration du système d'aide aux chômeurs a marqué une étape essentielle dans ce processus : les agences nationales pour l'emploi ont été transformées en "guichets uniques" dédiés à la recherche de travail et aux demandes d'allocations, tandis que les services publics de réinsertion étaient privatisés. Aujourd'hui, près de 650 entreprises proposent des parcours de retour à l'emploi pour les chômeurs, les personnes en incapacité de travail et les bénéficiaires de l'aide sociale. Le placement de ces derniers relève de la responsabilité des communes.

Quant à l'accompagnement des autres demandeurs d'emploi, il est financé par l'UWV, l'équivalent néerlandais de l'Unedic. Chaque année, cet organisme attribue, en moyenne, 75 000 parcours de réinsertion à des sociétés spécialisées, sur appel d'offres.

Les entreprises en question, qui, pour certaines, appartiennent à des groupes d'intérim comme Randstad, utilisent essentiellement des méthodes de travail relevant de la formation. Mais, dans certains cas, par exemple pour les chômeurs de longue durée, un travail de resocialisation est d'abord nécessaire.

Prime à l'efficacité

Les sociétés ayant fait preuve de leur efficacité dans ce domaine ont plus de chances d'obtenir des commandes importantes. C'est le cas d'Agens, une entreprise de 400 salariés, à qui l'UWV a confié, cette année, l'accompagnement de 2 500 chômeurs et de 5 300 invalides du travail.

« Avec une part de marché qui varie entre 20 % et 35 %, nous occupons, actuellement, la position de leader », explique Martin Smets, le directeur d'Agens. Selon lui, on n'a pas fini d'avoir recours aux services de réinsertion : « La hausse du chômage continue de s'accélérer, surtout chez les jeunes. Si rien n'est fait à court terme, on prend le risque d'accroître encore le nombre de chômeurs de longue durée. »

Dans le même temps, les Pays-Bas sont en récession et le gouvernement multiplie les mesures d'économie. C'est pourquoi les entreprises d'insertion sont désormais payées au résultat. Si le demandeur d'emploi a des chances de trouver un travail assez rapidement, on pratique le "no cure, no pay". Autrement dit, pour toucher l'argent de l'UWV, le responsable de l'accompagnement doit fournir au demandeur d'emploi un travail d'une durée au moins supérieure à six mois.

"No cure, less pay"

Pour les personnes plus difficiles à placer, comme les chômeurs de longure durée ou les plus de 50 ans, ce principe ne s'applique que partiellement, c'est le "no cure, less pay". Dans ce cas, un emploi temporaire peut faire l'affaire. En moyenne, la prise en charge d'un chômeur coûte 3 400 euros et les parcours durent entre dix-huit et vingt-quatre mois.

Jusqu'à présent, 35 % des personnes ayant bénéficié de l'aide à la réinsertion en 2001 et 2002 ont trouvé du travail. C'est à peu près l'objectif fixé. Mais, depuis, malgré la dégradation du marché de l'emploi, on a placé la barre plus haut, compromettant ainsi davantage les chances de succès de ce dispositif anti-chômage.