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2004, l'année de l'emploi

SANS | publié le : 13.01.2004 |

Entre flexibi lité économique et sécurité des salariés, le projet de loi sur l'emploi suscite l'inquiétude des syndicats.

Trois ans après la loi de modernisation sociale, Jean-Pierre Raffarin entend légiférer pour lutter contre le chômage. Décision électoraliste ou politique volontariste ? Si la question n'est pas totalement tranchée, le gouvernement a décidé de faire de 2004 l'année de l'emploi. Avec un leitmotiv, faire voter une « loi de mobilisation » avant l'été.

Deux rapports, qui seront remis le 15 janvier à François Fillon, éclaireront sa démarche. Le premier, rédigé par Michel de Virville, portera sur la simplification du droit du travail. Le second, écrit par Jean Marimbert, examinera les possibilités de rapprochement des différents services publics de l'emploi. Des concertations entre le ministre des Affaires sociales et les syndicats débuteront, ensuite, à la fin du mois. Parmi les principales propositions pourrait figurer la création d'un contrat de mission correspondant à la durée d'un projet, afin d'échapper progressivement aux contraintes du CDI.

Prestataires privés

Le second volet de la réforme concerne l'arrivée de nouveaux prestataires privés de l'emploi, sociétés d'intérim, cabinets d'outplacement, de recrutement, conseils en RH, aux côtés de l'ANPE. L'objectif étant de favoriser une « plus grande fluidité du marché du travail ». Certes, cette décision ne bouleversera pas les pratiques, l'agence ne relayant que 40 % des offres d'emploi, mais elle suscite quelques inquiétudes : dégradation de la qualité de la prestation, rentabilité d'une telle activité... En outre, le gouvernement pourrait s'atteler au rapprochement de l'ANPE, de l'Unedic et des organismes de formation professionnelle.

L'autre grand chantier touche aux pénuries de main-d'oeuvre qui affectent les secteurs du BTP, de l'hôtellerie- restauration ou encore du secteur médical. Pour 2004, François Fillon a demandé aux acteurs publics de l'emploi, dans chaque région, d'augmenter de 20 % le nombre d'offres pour trois à cinq métiers qui souffrent de pénurie dans la zone géographique concernée; 300 000 offres restent, actuellement, en souffrance à l'ANPE. Les petites entreprises pourraient également bénéficier d'un "chèque emploi" simplifiant les formalités d'embauche, ce qui, selon Jean-Pierre Raffarin, permettait la création de 500 000 postes.

Prévention des licenciements

Enfin, un dernier volet pourrait porter sur la prévention des licenciements et prévoir une égalité de traitement entre salariés des PME et des grands groupes. Dans ce domaine, le gouvernement tirera les leçons des discussions engagées depuis la suspension de la loi de modernisation sociale avec les partenaires sociaux. Mais, côté syndical, le scepticisme demeure. La plupart des syndicats craignent que la flexibilité économique prime sur la sécurité des salariés. Les chômeurs s'attendent, d'ailleurs, à un durcissement des règles d'indemnisation afin de les inciter à accepter des offres qui leur sont proposées par l'ANPE. Déjà, en Allemagne, la réforme, adoptée le 17 octobre dernier, prévoit que tout refus d'un emploi dont la rémunération est de 20 % à 30 % inférieure au dernier salaire peut être sanctionné.

Une situation difficile

De fait, le pari de la réforme est délicat, et la situation quasi explosive. La fin de l'année 2003 n'a pas été particulièrement favorable aux chômeurs : 180 000 d'entre eux ont été privés de leurs allocations, au 1er janvier dernier, avec l'entrée en vigueur de la réforme de l'Unedic. Les intermittents du spectacle ne sont pas mieux lotis : 30 000 d'entre eux ne seront plus indemnisés à l'horizon 2005. Le contrat jeune en entreprise et le Civis, destinés à remplacer les emplois-jeunes, n'ont, jusqu'à présent, pas permis d'enrayer la hausse du chômage des moins de 25 ans, une catégorie particulièrement fragile sur le marché de l'emploi.

Enfin, les contrats de site, visant à redynamiser les bassins d'emploi les plus touchés par les restructurations, lancés en février, patinent, alors que d'autres licenciements sont attendus, notamment chez Aventis, ST Microelectronics et Alcatel. L'actuel locataire de la rue de Grenelle sait que le chômage est redevenu la première préoccupation des Français. Autant dire qu'un retournement de conjoncture serait le bienvenu pour donner un coup de pouce à cette année Fillon.