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LES DEFIS S'ACCUMULENT

SANS | publié le : 13.01.2004 |

Réforme de la formation, décentralisation des financements, concurrence exacerbée... Les prestataires de formation (privés comme publics) doivent affronter ces nouveaux défis, alors que les chiffres d'affaires sont en baisse.

L'année qui commence sera-t-elle une année florissante pour les 40 000 organismes de formation déclarés en France ? Ou, au contraire, le nombre d'embûches qui s'accumulent sur leur chemin va-t-il leur être fatal ? Impossible de le dire, mais il est certain, en revanche, que l'offre française de formation professionnelle est confrontée, en ce moment, à une accumulation de défis qu'elle n'a jamais connue. Même la réforme de la loi quinquennale de 1993, pourtant importante, n'a pas réuni autant de problématiques différentes. On peut en dresser une liste non exhaustive : réforme de la formation ; création du Droit individuel à la formation (DIF); création du contrat de professionnalisation en remplacement des contrats d'alternance ; mise en place toujours difficile et divergente selon les régions du nouveau Code des marchés publics ; tensions toujours vivaces entre les prestataires de formation privés (78 % du marché, si on cumule le privé lucratif et le privé non lucratif, voir tableau page 15) et les organismes paritaires collecteurs agréés (Opca, collecteurs) ; tiraillements entre les prestataires de formation privés et ceux du public sur des questions de véracité des prix et de concurrence déloyale ; concurrence exacerbée des grands cabinets d'audit et de conseil internationaux, qui délocalisent la production pédagogique à l'Est ou en Inde...

Période de crise

Manque de chance pour les pédagogues et les formateurs, ces défis s'accumulent, dans une période de crise du marché et de baisse des chiffres d'affaires auxquelles les sociétés de formation n'ont jamais été habituées. Ainsi, l'observatoire économique de la Fédération de la formation professionnelle (FFP) témoigne d'une baisse de chiffre d'affaires de ses adhérents de 1,6 % en 2002 par rapport à l'année 2001 et de 2,6 % par rapport à 2000. Alors qu'il avait augmenté de 20 % entre 1996 et 2000 ! Conséquence : dans un marché en reflux, les tensions sont avivées.

Nouvelle génération

A ces éléments macro-économiques majeurs s'ajoute une donnée très particulière au marché français : de nombreux patrons d'organismes de formation privés arrivent en âge de partir à la retraite. Il va donc se jouer, dans les années à venir, un élément important : la transition entre la génération des créateurs d'organisme, nés dans la foulée des lois de 1971, et la nouvelle génération de patrons de société de formation. Comme en témoignait, il y a peu, un des présidents de la FFP : « La pression à la vente ou à la relève est forte, mais l'ambiance n'est pas porteuse. Beaucoup de patrons d'organismes se mordent les doigts de ne pas avoir opéré le transfert il y a un an ou deux. »

Autre problème, lié, lui, à la demande : l'activité des organismes de formation devient de plus en plus saisonnière et concentrée sur cinq mois de l'année ; juin et la période septembre-décembre. Traditionnellement, la formation tombe à un point zéro en janvier et février. Bilan : « Si vous ratez ces mois, vous ratez votre année », assure la FFP. Conséquence : ce timing de consommation exacerbe, lui aussi, les tensions.

Appel d'air attendu

Reste, quand même, un élément d'espoir : l'accord national interprofessionnel (ANI) du 20 septembre 2003 et la nouvelle loi sur la formation professionnelle vont certainement créer un appel d'air. « Avec cet accord, on en a pris pour vingt ans, analyse la FFP, c'est aussi important que l'accord de 1971. Le DIF va doper la demande. Le tout sera de savoir si elle s'exprimera par une demande de consommation de formation et de compétence pour le long terme, ou si elle prendra la forme d'une consommation rapide et désordonnée. » Encore une question sans réponse.

L'essentiel

1 L'environnement politique et concurrentiel des organismes de formation est de plus en plus tendu, et les chiffres d'affaires baissent après des années de hausse.

2 Une restructuration du marché de l'offre est en cours, mais les faiblesses de trésorerie et de capacités d'investissement des prestataires traditionnels réduisent leurs marges de manoeuvre.