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Consensus religieux dans les entreprises

SANS | publié le : 24.02.2004 |

Si les lieux de prière en entreprise sont tolérés au Maroc, le port du voile, largement présent dans les administrations ou les usines, est combattu dans les grandes entreprises commerciales ou les multinationales, mais au cas par cas, et par le dialogue.

Au septième étage du siège casablancais de la BMCI, filiale de BNP Paribas, un appel à la prière retentit en plein après-midi. Une dizaine de personnes viennent prier dans la petite salle prévue à cet effet. La scène est banale dans le Royaume chérifien, où les mosquées intra-entreprise sont installées partout : usines, administrations, succursales, etc. On estime à plus de 60 % les entreprises qui ont aménagé des locaux religieux pour leurs salariés.

Horaires de ramadan

Et, pendant le ramadan, les horaires changent dans tout le pays. Un large consensus sur la pratique de l'islam dans le Royaume est observé au Maroc, où le souverain est descendant du prophète. Ne pas faire le ramadan, sauf exception, y est encore un délit.

Au siège casablancais de la CNSS (Centre national de Sécurité sociale), une rangée de femmes voilées accueillent les assurés sociaux. Aucune ne déroge à la règle. « Toutes les femmes le mettent ici, explique Zakia, une hôtesse d'accueil arrivée tête nue il y a un an. C'est mal vu si je ne le mets pas. Je suis tranquille avec ça. » Même scénario aux douanes ou dans les tribunaux, par exemple. L'administration marocaine est majoritairement voilée, même si le phénomène est récent.

Peu ou pas de voiles dans le privé

Peu d'entreprises privées interdisent le port du voile dans leur règlement intérieur. Mais beaucoup conseillent oralement à leurs salariées de ne pas le porter. « Nous refusons d'embaucher des femmes voilées, explique un cadre du management de DHL Maghreb. Si une collaboratrice se voile, nous la recevons pour lui signifier que sa tenue n'est pas souhaitable à l'intérieur de la société. Nous ne lui laissons pas le choix. Dans l'une de nos agences, une femme, en contact direct avec la clientèle s'est récemment voilée. Elle enlève son voile en arrivant et le remet en partant. C'était ça ou une affectation au back-office ou... un placard ! »

La BMCE, l'une des principale banques marocaines, après les attentats terroristes du 16 mai dernier, qui ont fait 44 victimes, a rappelé, dans une circulaire interne, « l'interdiction de tous signes ostentatoires dans l'entreprise ». Une autre société de financement de Casablanca vient d'inscrire l'interdiction des vêtements traditionnels dans son règlement intérieur.

Eviter les dérives

« Pour l'heure, aucune affaire de port du voile n'a été portée devant la justice », conclut Me Taktak, une avocate de Casablanca. Le consensus est la règle en vigueur pour contrer tout phénomène de dérive islamiste dans les entreprises.

Les attentats de mai dernier - un électrochoc pour la société marocaine réputée tolérante - ont tout de même fait pencher la balance du côté d'une occidentalisation des tenues et des pratiques religieuses... du moins, pour les entreprises les plus modernes.