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Le reclassement s'annonce difficile

SANS | publié le : 24.02.2004 |

La faillite de la compagnie aérienne laisse 850 salariés sans emploi. Leur reclassement sera délicat, dans un secteur aérien en crise, qui doit déjà absorber les licenciés d'Air Lib, d'Aéris et d'Euralair.

Que vont devenir les salariés d'Air Littoral ? La compagnie montpelliéraine a été liquidée le 17 février, laissant 600 personnes (dont 140 pilotes) sur le carreau. En décembre 2003, un plan social avait déjà entraîné la suppression de 250 postes.

François Fillon, ministre du Travail, a certes annoncé « la mise en place d'un dispositif de reclassement exceptionnel » avec le concours de la région Languedoc-Roussillon. Des pistes sont évoquées, comme le reclassement de certains salariés d'Air Littoral Industrie (la filiale maintenance du groupe) chez Airbus Industrie.

Pessimisme

Mais, chez les salariés, le pessimisme domine. « Le dispositif de reclassement ? Il faut arrêter d'y croire, nous sommes dans un secteur sinistré. Tout ça, c'est de la poudre aux yeux », juge Caroline Rolland, déléguée CGT. Les salariés qui viennent de perdre leur emploi ne sont guère rassurés par le sort de leurs collègues licenciés fin 2003. Une cellule de reclassement a été ouverte à leur intention, le 22 décembre, par le cabinet Arcade Conseil, mandaté par les pouvoirs publics.

Arcade n'a pas encore publié de bilan chiffré (un premier comité de suivi devrait avoir lieu le 26 février). Néanmoins, selon certains représentants des salariés, très peu de personnes ont, pour l'instant, trouvé un emploi stable. Sur la centaine de pilotes licenciés en décembre, « seulement une petite dizaine ont retrouvé du travail, et il s'agit de CDD », indique Cyril Hollande-Boyer, porte-parole de l'ADPAL (Association de défense des personnels d'Air Littoral).

Le reclassement est d'autant plus difficile que la faillite d'Air Littoral fait suite à celles, l'an dernier, d'Air Lib, d'Aéris et d'Euralair. Résultat : plusieurs milliers de salariés de l'aérien se retrouvent désormais sur le marché du travail. Autre problème : nombre de salariés d'Air Littoral ont fait toute leur carrière dans la compagnie (à l'image de l'ex-Pdg Marc Dufour, entré en 1977 comme stagiaire), ce qui rend leur reconversion plus difficile.

Pilotes en difficulté

La situation des pilotes est particulièrement délicate. En France, environ 2 000 d'entre eux seraient, aujourd'hui, au chômage. Leur extrême spécialisation complique leur reclassement : chacun est, en effet, habilité à conduire un certain type d'appareil. Pour se former au pilotage d'un autre avion, « le coût moyen d'une qualification est d'environ 45 000 euros », souligne Cyril Hollande-Boyer. Une somme que l'Assedic et le conseil régional auront du mal à financer... Certains pilotes dénoncent l'inadaptation des structures d'accueil (ANPE, cellule de reclassement). « Ils ne connaissent pas l'aérien et sont dépassés, estime Cyril Hollande-Boyer. A l'ANPE, on passe pour des extra-terrestres ! » Les pilotes comptent d'abord sur leurs propres réseaux, et sur des structures comme l'ADPAL, pour s'informer et se maintenir à niveau.

Chez Arcade Conseil, on défend le rôle de la cellule de reclassement : « Nous apportons d'abord nos compétences techniques en matière d'emploi : CV, formation, ciblage des employeurs. C'est un préalable indispensable au retour à l'emploi », explique l'une des deux permanentes de la cellule de Montpellier, Christelle Atger. « Pour la recherche d'emploi, nous travaillons à la fois sur le bassin régional et sur les compagnies aériennes. Cela demande du temps », ajoute sa collègue Blandine Arondel.

Les personnels commerciaux (hôtesses et stewards) et les administratifs sont ceux qui ont les meilleures chances de reclassement. « Les personnes qui acceptent d'être mobiles ont de réelles perspectives de retour à l'emploi », souligne-t-on chez Arcade.

Air France, employeur quasi-unique

Les regards sont tournés vers le groupe Air France, qui fait désormais figure d'employeur quasi-unique dans l'aérien français. Accepte- ra-t-il, comme il l'avait fait l'an dernier pour Air Lib, d'embaucher des ex-Air Littoral ? « Le ministre des Transports a engagé des discussions avec Air France sur ce sujet », répond François Fillon. Tout en rappelant qu'Air France « n'a pas d'obligation dans ce domaine ». Coïncidence : le jour même de la liquidation d'Air Littoral, Air France annonçait un plan d'économie d'un milliard d'euros sur trois ans, prévoyant notamment une réduction du nombre d'hôtesses à bord des moyens-courriers. Une mauvaise nouvelle de plus pour les ex-salariés d'Air Littoral...

Air Lib : un bilan controversé

Plus de la moitié (58 %) des anciens salariés d'Air Lib inscrits à la cellule de reclassement, créée en avril 2003, ont trouvé une solution, selon le bilan effectué en janvier par le cabinet BPI (chargé de la cellule). Ce résultat est présenté comme un succès par le gouvernement, qui compte mettre en place le même ty-pe de dispositif pour Air Littoral.

Mais la CFDT Transports souligne que seul un tiers des 2 500 inscrits ont trouvé un emploi en CDI. Les deux tiers restants sont au chômage, en CDD, en formation longue, ont décidé de créer leur entreprise ou de cesser leurs recherches.