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Rayonnements ionisants, un danger sous-estimé

SANS | publié le : 16.03.2004 |

Dans le secteur médical et dans l'industrie, les risques d'exposition aux rayonnements ionisants sont encore sous-estimés. C'est l'un des constats du rapport Priorités en radioprotection, que la commission Vrousos a remis à l'Autorité de sûreté nucléaire.

Sur chaque site classé INB (installations nucléaires de base), des spécialistes en radioprotection (SRP) assurent le suivi des salariés exposés. Sur le site du CEA de Gadarache (13), 1 500 des 2 200 agents sont, ainsi, suivis par une équipe de 140 SRP. Les postes et les zones de travail exposés sont bien identifiés et le personnel est sensibilisé aux risques d'exposition. « Le personnel des sous-traitants qui intervient sur le site est suivi de la même manière que les agents du CEA », explique Yann Bevin, SRP au CEA de Gadarache, auditionné dans le cadre du rapport Priorités en radioprotection, rendu public, le 2 mars dernier, par l'Autorité de sûreté nucléaire. La commission Vrousos, à l'origine de ce rapport, pointe les améliorations qu'il faudrait apporter, en tirant profit de l'expérience des acteurs du nucléaire, dans des secteurs comme le médical, l'industrie et la recherche, où de nombreux appareils (radiologie, gammagraphie, détecteurs, jauges...) sont sources de rayonnements.

Secteurs non nucléaires

Dans ces secteurs hors nucléaire, tous les appareils susceptibles de générer des rayonnements ionisants font l'objet de déclarations et les entreprises utilisatrices doivent identifier des personnes compétentes en radioprotection (PCR). A la différence des SRP, les PCR conjuguent le suivi des salariés (après un stage de formation) avec leurs activités opérationnelles.

Insuffisance de formation

« Il est impératif que, dans les faits, la mise en place de PCR ne soit pas considérée comme une simple formalité, mais s'accompagne d'un véritable statut et d'un engagement opérationnel, ainsi que de la mise à disposition de moyens adaptés à leurs missions », souligne le rapport, en insistant sur la nécessité d'une évaluation régulière des activités des PCR et de leurs connaissances. « Ils sont souvent insuffisamment formés, confirme Marie-Christine Soula, médecin inspecteur régional du travail, spécialiste de la radioprotection dans le secteur médical. C'est dans le domaine de la radiologie interventionnelle qu'il y a le plus d'efforts de suivi à réaliser. Il y a toute une culture de la prévention qui se met doucement en place. Voilà quelques années, des "primes rayons" étaient encore attribuées. »

« 85 % des salariés exposés travaillent dans le domaine médical », précise Marie-Christine Soula. En 2002, selon l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), huit personnes exerçant en radiologie ont été exposées à une dosimétrie annuelle supérieure à 50 mSv (mili Sivert) et 15 autres à une dosimétrie variant entre 20 et 50 mSv (la dose maximale admissible annuelle est de 20 mSv, sauf dérogation). Par comparaison, aucun salarié d'EDF, de la Cogema ou du CEA n'a été exposé à des rayonnements ionisants annuels supérieurs à 20 mSv, selon le bilan 2002 de cette entité chargée, notamment, de consolider et d'analyser les expositions des 253 001 travailleurs concernés. Pour répondre aux besoins de suivi des salariés de structures n'ayant pas les moyens de mettre en place un niveau de contrôle adapté (cabinet de radiologie, PME), le rapport avance l'idée de confier cette mission à des prestataires extérieurs sectorisés.

2004, une année de transition

Le décret du 31 mars 2003, qui transpose la directive européenne sur la radioprotection, introduit, dans le Code du travail, la notion de « prévention du risque d'exposition aux rayonnements ionisants », avec, à la clé, de véritables moyens de contrôle du secteur « hors nucléaire ». La formation des PCR va être professionnalisée et les salariés exposés devront être davantage formés. « 2004 sera une année de transition pour permettre à ces secteurs de s'organiser afin de répondre à ce besoin de prévention », note Alain Rannou, chef de service d'études et d'expertise en radioprotection à l'IRSN. Les liens entre l'IRSN et l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) vont, d'ailleurs, se resserrer. Pour Alain Rannou, « c'est l'occasion de partager notre expertise avec l'INRS qui, en retour, nous apportera sa connaissance plus globale de la problématique de la santé au travail. »

L'essentiel

1 Les installations nucléaires de base (INB) ont mis en place des mesures de sécurité et de suivi de leurs salariés face aux risques d'exposition aux rayonnements ionisants.

2 En revanche, des secteurs hors nucléaire, comme le médical, l'industrie et la recherche, ne sont pas suffisamment dotés en outils de prévention. C'est, en partie, le constat dressé par le rapport Priorités en radioprotection http://www.asn.gouv.fr.

3 L'année 2004 va être une année de transition pour permettre à ces secteurs de s'organiser afin de répondre aux besoins de prévention.