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« L'université n'est pas encore à l'aise avec la VAE »

SANS | publié le : 27.04.2004 |

E & C : Quels sont les problèmes que pose la VAE à l'université aujourd'hui ?

H. L. : Ils sont nombreux : une très forte augmentation des demandes, qui entraîne une saturation des services d'accueil ; le manque de moyens supplémentaires pour accomplir cette tâche ; une absence relative de professionnels internes capables de piloter le processus de VAE ; et un déficit de professionnels externes venant siéger dans les jurys. Contre cela, les universités ont développé, avec le FSE, un cursus de professionnalisation des intervenants, fondé sur cinq modules de formation : les politiques, le premier accueil, l'accompagnement, la constitution des jurys et la construction de la prescription. Enfin, autre problème : la "prescription complémentaire", pas encore ancrée dans la culture universitaire.

E & C : Qu'est-ce que cela veut dire ?

H. L. : Le jury est souverain pour demander au candidat des compléments de preuve sur son parcours professionnel ou des compléments d'acquisition de nouvelles compétences, né- cessaires à l'obtention d'une VAE totale. C'est au jury de le proposer et d'en discuter avec le candidat. Mais cette fameuse "prescription complémentaire" pose bien des questions. Notamment, comment la penser ? Comment éviter le recours à la formation traditionnelle qui est justement fui par certains candidats à la VAE ? Une personne peut très bien avoir les compétences recherchées par le jury, mais la dissertation et le mémoire, qui sont les outils et rituels traditionnels du monde universitaire, ne sont pas forcément les formes adéquates d'expression des dites compétences.

Cette prescription nécessite de repenser la question de l'évaluation et de la mise en forme des savoirs, et de dissocier le fond de la forme. L'enjeu des jurys de VAE universitaires est de trouver la forme de prescription qui correspondra le mieux au profil du candidat. Pour cela, sans renoncer aux exigences de l'université, il faut accepter de construire la prescription complémentaire selon les atouts de la personne et non pas sur la base d'un code technique ou idéologique. Sinon, c'est envoyer le candidat à l'échec.

E & C : Voyez-vous, malgré tout, des éléments d'optimisme ?

H. L. : Oui, deux. Les équipes de VAE deviennent de plus en plus compétentes, et on assiste à la naissance d'une vraie éthique de l'accompagnement.