E & C : Au cours de l'année, vous vous êtes intéressé, avec Val Singh, enseignante-chercheuse à la Cranfield School of Management (Grande-Bretagne), aux discours des grandes entreprises européennes sur la question de la diversité. Pouvez-vous présenter vos travaux ?

S. P. : Nous avons, en effet, décrypté plus de 240 sites Internet de grandes entreprises dans huit pays européens, afin d'étudier leur approche en la matière et faire ressortir les différences nationales sur leurs préoccupations managériales.

E & C : Qu'avez-vous constaté ?

S. P. : Tout d'abord, seule la moitié de notre échantillon propose un discours sur la diversité ou sur l'égalité. En tête : les sites des entreprises britanniques ; en queue de peloton : la Norvège et la Finlande. La France est dans la moyenne. Autre constat : les différentes dimensions données à cette notion de diversité, soit plus d'une vingtaine. Les plus classiques concernent le genre, la culture, les origines ethniques et l'âge. Plus surprenant, il est question aussi de signes liés à l'apparence comme les tatouages ou les piercings. En France, les entreprises se démarquent en illustrant la diversité par l'expérience. La Finlande, elle, parle davantage de religion.

E & C : Peut-on distinguer des approches différentes de la diversité ?

S. P. : En effet, nous en avons identifié six. Parmi elles, retenons celle qui illustre, selon nous, un véritable changement de philosophie. Elle concerne les entreprises qui reconnaissent et valorisent la diversité comme une ressource organisationnelle susceptible de créer un avantage compétitif. Mais moins d'un tiers des entreprises étudiées sont dans cette approche. Et elles sont principalement britanniques. Les autres, lorsqu'elles évoquent effectivement la diversité, privilégient une logique d'égalité des chances et de non-discrimination. Elles font, alors, valoir une image de bon employeur respectueux des différences, mais ne dévoilent aucune utilisation stratégique de la diversité.