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Retour au Smic unique : la grogne des entreprises

SANS | publié le : 31.08.2004 |

Le retour au Smic unique, en 2005, assorti d'une baisse des allègements de charges sociales, a ravivé le mécontentement des entreprises.

La bataille n'a été que de courte durée. Entre Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin a tranché, cet été, en donnant raison au ministre de la Cohésion sociale. La dernière étape de réunification du Smic et des GMR (les garanties mensuelles de rémunération) aura bien lieu l'année prochaine, et non sur deux ans comme l'avait suggéré Bercy. Mais, pour revenir à un seuil unique, le salaire minimum pourrait connaître un bond de 8 % l'année prochaine, après une augmentation de 5,8 % cette année (1). Une nouvelle qui réjouit les 2 millions de salariés qui profiteront de cette hausse. Mais une annonce alarmante pour les entreprises qui peinent à entrevoir des signes de reprise économique. Car, avec cette nouvelle flambée, les employeurs craignent que leurs faibles marges soient "mangées". Notamment dans les secteurs de l'agroalimentaire, de la grande distribution, de l'hôtellerie-restauration ou encore du bâtiment, grands employeurs de main-d'oeuvre. Les PME sous-traitantes pourraient également être fragilisées.

Manque à gagner

Parallèlement, les allègements de charges seront resserrés pour ne s'appliquer qu'aux salaires compris entre 1 et 1,6 Smic, et non plus à ceux compris entre 1 et 1,7 Smic. Soit un manque à gagner de quelque 2,4 milliards d'euros pour les entreprises. Ce qui aura un impact direct sur l'emploi et les investissements. Constatation trop alarmiste ? Ici et là, les entreprises font leurs comptes. A la Fédération du commerce et de la grande distribution (FCD), l'inquiétude est vive. « Les 35 heures vont engendrer une augmentation du Smic de 25 % à 30 % en cinq ans, que les allègements peinent à absorber », indique un responsable des affaires sociales. La CGPME craint, de son côté, que cette décision décourage les chefs d'entreprise d'embaucher, tandis que l'UPA (Union professionnelle de l'artisanat), qui avait sollicité un allègement de tous les salaires inférieurs à 2,2 Smic, n'hésite pas à parler d'effet destructeur sur l'emploi.

Hiérarchie des salaires

L'autre problème tient à l'écrasement de la hiérarchie des salaires. Les entreprises devront non seulement augmenter les "smicards" mais aussi les bas salaires qui risquent, sinon, de voir leur rémunération écrasée par la revalorisation du salaire minimum. « On est en train de créer un problème important de hiérarchie entre les "smicards" et les salariés placés juste au-dessus, constate Jean-Marc Revereau, directeur du cabinet JMR Consulting. Les premiers vont rattraper les seconds, qui ont de l'ancienneté ou un savoir-faire particulier. Un phénomène qui entraîne une dévalorisation du personnel. »

Revalorisation

Pour renverser la tendance, Gérard Lassaux, directeur d'Audexor, un cabinet d'expert-comptable, préconise, au contraire, de communiquer sur la revalorisation du travail. « Cette nouvelle revalorisation peut également être perçue comme une opportunité, notamment pour les entreprises qui peinent à trouver du personnel. Elle permet de communiquer sur la revalorisation du travail et de faire revenir vers l'emploi des personnes qui en étaient jusqu'ici très éloignées. Il faut réfléchir en termes de communication. » Mais, pour cet expert, la revalorisation ne se fera pas sans compensation. Pour amortir le coût du travail, les entreprises vont tenter de limiter cette hausse du Smic, soit en jouant sur les périphériques de rémunération (primes...), soit en essayant de remettre en cause les 35 heures. Une tendance déjà amorcée en France, avec Bosch, Doux, Sediver, et qui pourrait se poursuivre à grands pas dès l'année prochaine.

(1) Smic horaire.

Les allègements de charges

Total des exonérations en pourcentage du salaire

1 Smic* 26 %

1,1 Smic 20,26 %

1,2 Smic 15, 47 %

1,3 Smic 11, 43 %

1,4 Smic 7, 96 %

1,5 Smic 4, 95 %

1,6 Smic 2, 32 %

1,7 Smic -

Depuis la loi Fillon du 17 janvier 2003, toutes les entreprises bénéficient de la même ristourne, quel que soit leur temps de travail, à savoir un dispositif d'allègement pour les salaires inférieurs à 1,7 Smic. Maximale au niveau du Smic (26 % du salaire brut), cette ristourne est ensuite dégressive pour s'annuler sur un salaire égal à 1,7 Smic.

* Référence GMR2, entreprises passées aux 35 heures entre le 1er juillet 1999 et 1er juin 2 000. Ces taux d'exonération de charges sociales peuvent varier légèrement en fonction de la date de passage aux 35 heures.

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