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Encore la veuve de Miami... !

Demain | Chronique | publié le : 09.11.2004 | De P.-L. Chantereau

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Encore la veuve de Miami... !

Crédit photo De P.-L. Chantereau

Réunion de toute urgence.

On se croyait un peu à l'abri derrière les résultats excellents depuis le début de l'année, mais le siège de Londres souhaite rencontrer tous les décideurs de la filiale française, et leurs conseils si c'est nécessaire (mais vraiment que si. Je me sens moyennement attendu...), pour « examiner les dispositifs possibles pour optimiser le rendement du dernier trimestre ».

On m'invite. J'y vais. Ne jamais perdre une occasion de comprendre le fonctionnement de ces groupes multiculturels.

La réunion a lieu à la gare du Nord, pour perdre le moins de temps possible en déplacement, compte tenu de l'agenda chargé des contrôleurs de gestion.

Bon. Je ne dis rien. Il est possible, après tout, que les dix-huit personnes invitées (convoquées, en réalité) aient plus de temps libre que les quatre personnes qui viennent de Londres. Mais l'idée de déplacer dix-huit personnes au lieu de quatre est un concept de bonne gestion qui m'épate toujours.

Salle de travail dans la gare. On connaît par coeur. Le café en container et les croissants ramollis, le jus d'orange qui vous arrache le coeur, le feutre de paper-board qui écrit plus ou moins, tout ça est notre quotidien à tous.

Le missi dominici britannique, lui, n'a que faire du café.

Il a déjà regardé deux fois sa montre pour confirmer ce que tout le monde sait déjà : nous sommes à l'heure. Eh bien oui, tout gaulois que nous sommes, nous avons quelques capacités à nous organiser, n'en déplaise au sujet de Sa Gracieuse Majesté qui feint de se croire chez les aborigènes du continent. Il n'y a pas à s'en étonner, c'est comme ça : la filiale française n'est pas en tête du palmarès des filiales d'Europe continentale pour rien. Son casting, ses qualités d'organisation et de management, son énergie sur le terrain construisent chaque jour ses résultats.

On ferait mieux de s'en féliciter que de continuer à s'en étonner à chaque fois, comme si des mangeurs de grenouilles ne pouvaient faire de meilleurs scores que les équipes de Londres, qui ont, ça c'est vrai, quasiment inventé ce métier !

Mais je m'énerve trop tôt. Le pire est à venir.

« Messieurs, je suis là pour vous informer que les difficultés rencontrées par ailleurs par notre principal actionnaire nous obligent à rechercher, sur le dernier trimestre de l'année, une amélioration de 12 % de notre rendement. Que comptez-vous faire ? »

En voilà une question ! Si c'était à moi de répondre, je ferais savoir que le respect dû aux meilleurs contributeurs de l'entreprise est mal compatible avec les caprices des fonds de pension de la veuve de Miami !

Pierre-Loïc Chantereau <www.equation-management.com>

Auteur

  • De P.-L. Chantereau