L'emploi des cadres en Europe serait sur le point de repartir, après trois années moroses, selon une étude* de l'Apec publiée le 18 novembre. 480 000 à 530 000 cadres devraient être recrutés entre juillet 2004 et juin 2005 dans les huit pays de l'Union européenne étudiés (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni). Le volume de recrutement des cadres y était jusqu'à présent en baisse, de 20 % en 2001-2002 et de 1 % en 2002-2003.

Les entreprises interrogées par l'Apec en juin 2004 prévoient de faire face à la perspective de 2,5 % de croissance par une augmentation de 9 % de leurs recrutements de cadres. Dans ce contexte global, avec un volume de recrutement allant jusqu'à 123 000 cadre (tendance : +0 % à +8 %), la France fait partie des pays où le marché de l'emploi cadre serait le plus nettement à la hausse, avec le Royaume-Uni (+1% à +13 %) et la Belgique (+6% à +22 %). A l'inverse, la baisse pourrait atteindre 10 % en Espagne (de -10 % à +2 %).

En Allemagne (-6 % à +9 %), aux Pays-Bas (-10 % à +6 %) et en Italie (-6 % à +10 %), la tendance est incertaine.

Dans ce scénario, la France et le Royaume-Uni devraient cumuler environ 60 % des recrutements de cadres sur les huit pays étudiés.

La France se caractérise aussi par une vivacité particulière de son marché de l'emploi cadre. Les flux y sont parmi les plus élevés du panel avec, en regard de ce taux de recrutement de 7,6 % (recrutements externes rapportés à l'effectif cadre), un taux de sortie de 9,6 % (licenciements, démissions, retraites, rapportés à l'effectif cadre). Ainsi, c'est en France que les entreprises font le plus appel aux recrutements externes pour pouvoir des postes cadres, au détriment des promotions (73 % contre 27 %, pour une moyenne sur les huit pays de 65 % contre 35 %). Selon l'Apec, « ces modes de fonctionnement prennent racine, notamment, dans des comportement culturels en matière de GRH ». Le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas recourent aussi beaucoup aux recrutements externes, tandis que l'Espagne, l'Allemagne, le Luxembourg et, surtout, l'Italie font plus confiance aux ressources internes.

Ce retournement de tendance devrait pouvoir inciter l'encadrement à l'optimisme si, toutefois, le gel des promotions et les licenciements ne viennent pas limiter le volume des créations nettes d'emploi. Ainsi, entre juillet 2003 et juin 2004, en France, le marché de l'emploi cadre a enregistré une croissance des recrutements de 1 % ; pourtant, le volume net de création a accusé une chute de 52 %, s'établissant à 13 000, niveau proche de celui de 1997-1998.

* Enquête réalisée auprès de 3 870 entreprises de plus de 10 salariés du secteur privé. 16e édition.