Le premier chapitre du livre n'en finit pas. Les événements se succèdent à un rythme effréné. Drames, succès, déchirements, trahisons..., tout y est. A la source de l'oeuvre, un collectif d'auteurs talentueux qui parvient sans cesse à enrichir la saga sans lâcher la plume. L'histoire est pleine de rebondissements. Il y est surtout question d'affrontements et de domination. Ambiance un peu féodale : les forts dominent les faibles, les chefs attendent d'être obéis, les riches s'enrichissent toujours plus et nourrissent le rêve d'accumuler encore davantage. Ces maîtres du jeu se battent pour maintenir leur pouvoir. Ils éliminent leurs opposants, ainsi que les personnes d'autres cultures, religions, façons de penser. Fréquemment, ils engagent des guerres pour étendre leur emprise. Ce qui les anime ? La loi du profit maximum et la recherche de l'intérêt personnel immédiat. Pour eux, le monde est sans limites, donc ils se servent. Au fil des pages et des péripéties, on comprend que les personnages croient essentiellement à l'action. Pressés, ils veulent des résultats. On n'est pas là pour réfléchir ou se comprendre, mais pour marquer des points. La vie est un exercice où il faut dominer, donc écraser l'autre. Il ne peut y avoir plusieurs gagnants.
L'ennui, dans cette histoire, c'est que le récit s'enlise à force de répétitions. Les événements ont beau varier, la logique reste la même. Le collectif d'écrivains s'excite, car il veut continuer l'ouvrage tel qu'il a débuté. Mais nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir commencer l'écriture du deuxième chapitre.
Sur cette nouvelle page, nous entamons des conversations différentes. Il y est question de partage, d'écoute, de compréhension mutuelle, de dialogue entre les peuples, les régions, les quartiers. On n'a pas l'illusion de terminer ces conversations, d'aboutir à un projet fini, mais on les initie partout où l'on se trouve. Incitation à la collaboration, remise en cause des certitudes, ouverture sur autrui, bienveillance dans les relations, curiosité, enthousiasme, recherche de solutions constructives pour le plus grand nombre... Le but n'est pas de dominer, mais d'être de plus en plus nombreux à jouer et à s'épanouir au travers de ces échanges. Certains rêvent même de retrouver le sens du sacré...
Dans ce nouveau chapitre, on sait que les ressources de la Terre ont des limites. On pense aux générations futures, on souhaite que la civilisation de la planète s'élève au-dessus de la mentalité sauvage. Et, surtout, c'est le premier chapitre interactif de tous les temps. Toute personne - vous, moi, chaque habitant de la Terre - est invitée à écrire.
Utopique ? Non. Tentant ? Sans doute (sauf pour les adeptes du premier chapitre). Nécessaire ? Absolument.
Dans le chapitre I, les personnages se posaient la question : « Qu'est-ce que je peux faire ? » Dans le chapitre II, on y ajoute « Et qui puis-je devenir, grâce et avec les autres ? » La logique de l'action s'enrichit de l'idéal de l'être humain et du sens du devenir.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris <
