«Il faudrait faire mieux. » Tel est le message adressé le 24 novembre par la Direction des relations du travail (DRT) aux chefs d'entreprise de la construction, à l'occasion d'un bilan de la campagne de contrôles effectués en juin dernier sur 3 468 chantiers à travers la France.

Les inspecteurs et contrôleurs du travail ont vérifié le respect des règles de sécurité concernant les risques liés aux chutes de hauteur, aux équipements, aux chutes d'objets et à la circulation sur le lieu de travail. Résultats : 499 arrêts de chantier ont été prononcés et 185 poursuites judiciaires engagées. Plus de 8 200 avertissements oraux, observations écrites et amendes ont été infligés. Seuls 249 chantiers respectaient totalement la réglementation. « Les contrôleurs ont constaté beaucoup d'improvisation, en particulier sur les chantiers où interviennent plusieurs entreprises », a déploré Henri Conan, chargé de mission à la DRT. François Liet, de l'OPPBTP (1), a livré une analyse tout aussi préoccupante sur la base de 1 008 chantiers visités. Les ancrages des échafaudages et la pose de garde-corps se révèlent insuffisants. Le montage est fréquemment confié à des ouvriers non qualifiés. Si l'entretien des engins s'avère satisfaisant, leur conduite est assurée, une fois sur quatre, par des salariés non formés à la sécurité et/ou non titulaires de la certification obligatoire.

Les chiffres restent très alarmants : un accident survient chaque minute dans la construction, dont un mortel tous les deux jours. Soit 188 décès en France, en 2003, sur les 1 200 recensés chaque année dans l'Union européenne, avant son élargissement. Toutefois, Robert Piccoli, adjoint au sous-directeur des conditions de travail au ministère de l'Emploi, met en garde contre toute comparaison hâtive défavorable à la situation française. « Les statistiques diffèrent d'un pays à l'autre. Les entreprises françaises ne génèrent que 25 % du chiffre d'affaires de la construction en Europe », a-t-il tempéré.

Il s'est, en outre, félicité de l'engagement pris, lors du Sommet de la sécurité dans la construction, par six fédérations européennes (2), d'améliorer la santé et la sécurité. A l'occasion de ce sommet, le 22 novembre dernier à Bilbao, l'Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail a, quant à elle, fait état de 800 000 accidents annuels dans le BTP en Europe, représentant un coût de 75 milliards d'euros, soit 200 euros par citoyen !

(1) Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics.

(2) Fédération européenne de la construction ; Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois ; Confédération européenne des bâtisseurs ; Fédération européenne des associations d'ingénieurs ; Conseil européen des architectes; Conseil européen des ingénieurs civils.