La pénurie ? Dekra connaît bien le problème. Cette société spécialisée dans le contrôle technique des véhicules particuliers recrute, depuis plusieurs années, des profils d'un niveau de qualification inférieur à celui dont elle rêve. Et les volumes sont importants, avec 250 contrôleurs embauchés chaque année. Sa parade : mettre l'accent sur la formation interne des nouveaux embauchés - en général des mécaniciens et des carrossiers -, égale à 175 heures pour le contrôle automobile.

La pénurie n'est pas près de disparaître. En effet, en octobre 2004, Dekra a remporté l'appel d'offres lancé par l'Etat dans le cadre du projet «Bercy ensemble», visant à externaliser à des opérateurs privés agréés le contrôle technique des poids lourds en France. Auparavant, cette activité était réalisée par les services publics des Drire (directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) ou «services des Mines». Au total, Dekra héritera, entre novembre 2004 et juillet 2005, de 67 centres (sur les 134 mis en vente), répartis dans 24 régions françaises et nécessitant le recrutement de 350 techniciens poids lourds.

« Avant même le résultat de l'appel d'offres, nous avons mis en place un véritable plan de bataille », avance Franck Fangueiro, DRH du groupe. Première étape : la signature, en juin dernier, d'une convention avec l'ANPE. « Concrètement, ce partenariat suppose une diffusion nationale de nos offres d'emploi, une publicité particulière avec affichage dans les agences et la connaissance, par les agents, de notre entreprise et de ses besoins de main-d'oeuvre », énumère le DRH.

En parallèle, Dekra rencontre une poignée de cabinets de recrutement. Le cabinet Norma est retenu, en septembre 2004, pour assister l'entreprise dans sa démarche de communication RH. « Nous avons préféré faire appel à un cabinet extérieur plutôt que d'étoffer notre équipe RH. Par ailleurs, Norma nous a semblé le plus capable du marché à absorber le volume de recrutements en jeu, le plus réactif et le plus intéressé, signale Franck Fangueiro. Avec eux, nous avons mis en place un programme de diffusion d'annonces dans la presse écrite nationale et régionale, ainsi que dans la presse gratuite. Nous investissons également les job boards, généralistes et spécialistes, et les forums de recrutement qui ont permis depuis octobre de rencontrer 400 candidats. »

Sans compter l'approche directe opérée par le cabinet et l'appel à candidatures internes chez Dekra qui a eu du succès : 30 % de salariés ont, ainsi, répondu présents. Au total, la société a traité 4 000 CV et réalisé 1 800 entretiens téléphoniques.

Un tel déploiement de moyens suffira-t-il ? « Il faudra bien », admet Franck Fangueiro, contraint à l'optimisme. Pas question, en effet, pour l'Etat, de laisser à l'entreprise des centres non pourvus en personnel. « En décembre dernier, nous en étions à 35 % de notre objectif. Le rythme est lent. Pour autant, je me refuse à recruter à tout prix. Les candidats intéressés et intéressants (au minimum titulaires d'un CAP dans le domaine de la mécanique ou de l'automobile et cumulant trois ans d'expérience) ne sont pas exemptés des procédures d'embauche comprenant tests techniques et de personnalité. Le métier que nous leur proposons s'assimile à une mission de service public : il convient donc de s'entourer de salariés à la moralité au-dessus de tout soupçon. »

D'entrée, des régions se sont révélées plus démunies que d'autres, comme l'Ile-de-France, l'Alsace et Paca, à l'inverse de la Basse-Normandie et de l'Aquitaine. De fait, durant les six premiers mois d'embauche, il est demandé à chaque recrue d'être mobile pour palier la pénurie dans certains centres.

Il y a aussi les fonctionnaires qui, auparavant, faisaient partie des centres publics. Encore faut-il les convaincre. Pas évident lorsque l'on sait que ces personnes ont eu des propositions de reclassement dans la fonction publique. Mais une prime de 45 000 euros est réservée à ceux tentés par l'aventure du privé. « Ces personnes nous intéressent à plus d'un titre. Non seulement elles connaissent le métier, mais en plus elles sont les formateurs tout désignés des nouveaux. Un contrôleur agréé poids lourds doit, en effet, avoir suivi une formation pratique de 310 heures ; un enseignement qui n'existe dans aucun catalogue de formation. » Pour les séduire, Dekra leur parle de la taille du groupe et des évolutions professionnelles que celle-ci suppose.

> Activité : contrôle technique.

> Effectifs : 10 750 collaborateurs, dont 2 300 en France.

> Objectif de recrutement : 300 personnes d'ici au 15 juillet 2005.

> Chiffre d'affaires : 1 milliard d'euros.