Avec 686 personnes décédées au travail, 47 000 salariés victimes d'incapacités permanentes en 2002 et 35 000 maladies professionnelles reconnues chaque année, on mesure bien l'état déplorable des conditions de travail en France. Le plan santé au travail 2005-2009, présenté par Gérard Larcher, ministre délégué aux Relations du travail, le 17 janvier, devra se montrer à la hauteur du défi à relever.

Le volontarisme affiché du gouvernement a été salué par les syndicats, mais ils jugent toutefois les moyens insuffisants. Car les clignotants sont au rouge : les cas de maladies, déjà nombreux, risquent de s'accroître, notamment avec l'intensification des rythmes de travail et le maintien dans l'emploi des seniors. Quoi qu'il en soit, pour sortir de la spirale négative, il faudra bien que les entreprises renforcent la prévention et l'Etat, les contrôles.

Sur ces deux derniers points, Philippe Askenazy, économiste, développe d'autres pistes, dans l'interview qu'il nous a accordée. Augmenter la visibilité des coûts réels (directs et indirects) des accidents et maladies du travail, grâce à des outils de gestion adaptés, motiverait les entreprises à faire de la prévention. Mais aussi, créer une véritable «police» du travail, à même de sanctionner les employeurs qui ne respecteraient pas la loi.