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La con certation reste un impérat if

Dossier | publié le : 15.03.2005 | Rodolphe Helderlé

Dans la grande distribution et les centres d'appels, la gestion des flux implique la mise en place d'une planification. Le travail de concertation avec les salariés reste indispensable.

Depuis le déploiement de la solution de planification Temposoft chez Casino, les conditions de travail des caissières ne se sont pas améliorées. Depuis dix-huit mois que cet outil est en place dans les magasins, les coupures de travail, qui peuvent atteindre deux à trois heures sur une journée, ont progressé. Ces interruptions sont justifiées par une diminution du flux de clientèle. Elles ont aussi pour conséquence d'augmenter les frais de garde d'enfants des caissières, toutes employées à temps partiel.

Absentéisme en hausse

Résultat : l'absentéisme est en hausse dans les points de vente Casino. Dans un sondage diligenté par la CFDT, 80 % des 400 caissières déclarent vouloir revenir à l'ancien système où les chefs de caisse établissaient les plannings sans outil. La souplesse était alors de mise, même si elle générait une charge organisationnelle pour les chefs de caisse.

Contraintes ignorées

« L'outil ne prend pas du tout en ligne de compte les contraintes extra-professionnelles. La direction semble admettre que le dispositif n'est pas satisfaisant, dans la mesure où elle a demandé la conduite d'un audit », déclare Jean-Louis Boulin, délégué syndical CFDT du groupe Casino. Temposoft a, depuis, disparu du marché français.

Tous les éditeurs d'optimisation de plannings affirment que leurs solutions sont capables de trouver le juste équilibre entre les contraintes de flux, les règles légales, l'équité et les souhaits des salariés. Dans les faits, l'équité et plus encore les souhaits émis par les salariés sont difficiles à prendre en compte par des solutions qui n'ont rien de miraculeux.

La planification devient d'autant plus complexe dès que l'on augmente le nombre de contraintes. Les contraintes de flux, de compétences et réglementaires suffisent amplement. Conséquence : l'outil n'est qu'une aide et la concertation reste un exercice essentiel.

«Horaires îlots»

Chez Carrefour, la formule des «horaires îlots» a été mise en place en 1999. Le principe réside dans une forme d'autoorganisation. Les caissières, réunies par groupes d'une dizaine, se concertent chaque semaine dans une salle équipée d'un grand tableau pour exprimer leurs souhaits de plages horaires. Le positionnement se fait en fonction d'une courbe de charge calculée par la solution Gestor de GFI Chronotime. Des animatrices coordonnent la séance, rendent les premiers arbitrages, et récupèrent les «feuilles de souhaits» de chaque caissière, qui sont alors saisies dans Gestor. Lequel affichera un planning définitif. Pour Moïsette Técher, déléguée syndicale FO du Carrefour de Sevran (93), « les souhaits sont globalement bien pris en compte ».

Productivité des centres d'appels

Dans les centres d'appels, il existe, bien entendu, des outils de planification qui calculent le besoin en opérateurs en fonction des historiques d'appels. « L'outil est exclusivement au service de la productivité. Et compte, entre autre, des incohérences : une tranche de travail 10 h-20 h est considérée par le logiciel comme un «horaire matin». Dans les faits, il n'y a quasiment pas d'adaptation des plannings par les managers en fonction des demandes d'aménagement d'horaire qui leur sont adressées », souligne Frédéric Madelin, délégué syndical Sud sur le plateau B2S Ceritex du Mans.

Sur ce plateau, depuis dix-huit mois, les plannings changent chaque semaine afin de réduire les temps improductifs. Là encore, plus qu'une question d'outil, c'est l'implication du management qui se révèle la clé pour déterminer une planification «consensuelle».

Quand la tour Eiffel planifie au plus près du pilier

« Nous recherchions un outil informatique capable de recouvrir tout à la fois la GTA, la planification géographique et la gestion des compétences. » En juin 2004, Bernadette Haimovici, responsable du personnel de la Société nouvelle d'exploitation de la tour Eiffel (SNTE), la société d'économie mixte concessionnaire du monument (250 salariés), se rapproche d'Equitime avec cette feuille de route.

Outre son besoin de remplacer une application interne conçue sous Excel, l'entreprise devait également résoudre le problème de l'affectation de ses personnels par localisation sur le site. « Nous avons des emplois postés avec des salariés qui sont affectés à tel endroit en fonction de leur qualification. Par exemple, à certains postes, il est nécessaire d'avoir une qualification immeuble de grande hauteur », explique Bernadette Haimovici. Mais ce n'est pas tout, puisqu'il s'agissait, aussi, de tenir compte des périodes de forte affluence et des amplitudes horaires de chaque agent. Sans compter la recherche des équilibres dans la répartition des tâches.

« Une gestion des horaires sans planning n'aurait servi à rien », ajoute la responsable. Depuis le 20 février dernier, la solution Equitime est déployée dans le service accueil qui rassemble 75 % de l'effectif. La migration du système sur intranet est prévue d'ici à un an. Dans ce bastion de la CGT, l'introduction de ce logiciel a été, étonnement, très bien reçue.

La GTA dans tous ses états

Longtemps considérée comme l'antichambre de la paie et comme un simple outil de comptage des heures travaillées, la GTA a, au fil des évolutions réglementaires, étoffé son spectre de fonctionnalités. Dans son acception traditionnelle, la GTA repose sur l'analyse des données issues du badgeage, permettant ainsi d'alimenter les compteurs de paie des salariés. Avec l'arrivée des lois Aubry et les besoins de flexibilité des entreprises, cette GTA s'est enrichie d'une couche d'optimisation des temps de présence. Objectif pour l'entreprise : limiter les temps morts dans la chaîne de production, en respectant, si possible, les attentes des personnels.

« Au départ, résume Ram Chapagain, d'Horoquartz, les solutions de GTA ont été adoptées pour aider les DRH ou les responsables de site à gérer le volet réglementaire. Depuis, les entreprises adoptent ces produits pour optimiser leur production en fonction des compétences disponibles. »

Dans la foulée sont apparues des solutions de planification. La plus complexe est sans aucun doute la planification par contraintes. Le principe : le logiciel enregistre toute une batterie de données que l'entreprise a préalablement définies et sort une proposition de planning. En outre, certains outils permettent de suivre à la loupe, et en temps réel, l'activité et la productivité individuelle des salariés (lire l'article sur Maxter Catheters, p. 22). «Big Brother» n'est, ici, jamais très loin. Officiellement, ces solutions sont destinées à affiner un prix de revient ou encore à aider une société de conseil à préparer sa facture en fonction du temps que son consultant aura passé sur le projet.

Enfin, la gestion du temps, c'est aussi la faculté pour une DRH de décentraliser la gestion des absences. A partir de l'intranet, le salarié effectue ses demandes de jours de RTT et de congés que son manager valide. A la clé pour les équipes RH : des gisements de productivité très importants.

GFI Progiciels consacre une filiale à la gestion des temps et des activités

GFI Chronotime, c'est le nom que GFI Progiciels a retenu pour sa filiale dédiée à son activité GTA et planification. Générant 19 millions d'euros de chiffre d'affaires (licence et software), soit 12 % du chiffre d'affaires annuel de l'éditeur en France, elle se substitue à l'ancienne division GTA de GFI Progiciels.

En 2004, GFI Progiciels reprenait la société Chronotique, placée en redressement judiciaire. Une acquisition qui faisait suite à celle d'Asice, en 2000. En septembre dernier, c'est l'éditeur espagnol AST, spécialisé en biométrie, qui est tombé dans son escarcelle.

L'entreprise réalise toujours un quart de son chiffre d'affaires GTA et planification avec le secteur hospitalier. Selon Didier Marcel, son directeur général, cette nouvelle société illustre la volonté du groupe informatique de se développer sur ce créneau, notamment par croissance externe. Dans sa ligne de mire : des éditeurs de portails RH. A moins que la filialisation ne signifie une prochaine cession de cette activité.

Auteur

  • Rodolphe Helderlé