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Enquête

Une maison pour les saisonniers

Enquête | publié le : 12.04.2005 | Marie-Pierre Vega

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Une maison pour les saisonniers

Crédit photo Marie-Pierre Vega

Les Maisons des saisonniers (MDS) sont apparues au tournant des années 2000. Selon le ministère du Tourisme, il en existerait une quinzaine, qui offrent aux saisonniers et à leurs employeurs des prestations d'information et de médiation.

Début 2000, Michelle Demessine, alors secrétaire d'Etat au Tourisme, présentait son plan d'action visant à améliorer les conditions de travail des saisonniers, inspiré d'un rapport réalisé par Anicée Le Pors, intitulé «Propositions pour l'amélioration de la situation sociale et professionnelle des travailleurs saisonniers». Parmi celles-ci : la création d'une Maison des saisonniers dans chaque station touristique.

Cinq ans plus tard, l'Etat a contribué au financement de 14 maisons pour un montant total de 166 600 euros. « Il existe aussi un nombre indéterminé de structures plus modestes, baptisées «points publics emploi saisonnier» ou «points relais accueil» », indique le ministère délégué au Tourisme, qui peine à évaluer le dispositif. Nous sommes donc loin du compte. « Il n'y a pas vraiment eu de suivi. Mais la relance de ce chantier fait, aujourd'hui, partie de nos objectifs prioritaires. Un poste de chargé de mission des questions sociales a d'ailleurs été créé au ministère. »

Volonté politique

La Maison des saisonniers du Briançonnais, à Serre-Chevalier, a été la première à ouvrir, soutenue par la volonté politique d'un député. Elle est, de ce fait, devenue maison expérimentale dans le cadre du plan gouvernemental, bien qu'aucun bilan de l'expérimentation n'ait été dressé. Son budget de fonctionnement de 110 000 euros est cofinancé par la communauté de communes du Briançonnais, le secrétariat d'Etat au Tourisme, le FSE (Fonds social européen), la DRTEFP (Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, la délégation régionale au tourisme et le conseil régional Paca. Elle est pilotée par des groupes de travail constitués de représentants des financeurs et des organisations professionnelles syndicales et patronales.

Aides à l'emploi et au logement

« Nous aidons les saisonniers qui arrivent en station à trouver un emploi et un logement, et nous les informons sur les droits, explique Marie Soubrane, de l'Adecohd (Association pour le développement économique de la Haute-Durance), qui coordonne la MDS. Nous avons passé une convention de partenariat avec l'ANPE qui, chaque jour, nous transmet ses offres. Nous avons également édité un topo sur les droits du saisonnier en matière de travail, de logement et de santé, et nous organisons un forum emploi deux fois par an. »

Ces services existent dans la plupart des maisons qui, parfois, cherchent à travailler ensemble. Ainsi, depuis trois ans, la maison du bassin d'Arcachon propose un module d'information et d'accompagnement de deux jours pour aider les saisonniers à poursuivre leur activité à la montagne pendant la saison d'hiver.

Depuis deux ans, la MDS du Briançonnais expérimente aussi un guichet unique dédié aux questions de protection sociale, animé par un collaborateur de la Caisse primaire d'assurance maladie de Gap. Aujourd'hui, elle cherche à s'ouvrir davantage aux employeurs.

Centre de formalités

« Au début, certains ont pensé qu'il s'agissait d'un repaire de syndicalistes. Ils sont désormais de plus en plus nombreux à pousser la porte quand ils recherchent du personnel peu qualifié et débrouillard. Nous leur proposons aussi une permanence du centre de formalités des entreprises, une fois tous les quinze jours avec l'Urssaf. En revanche, ils ne nous interrogent jamais sur le droit du travail ou sur la protection sociale », observe Marie Soubrane. Les litiges sont pourtant nombreux. Heures supplémentaires non payées, absence de contrat de travail, rupture abusive du contrat... En cas de différends, la Maison des saisonniers du Briançonnais fournit au plaignant les coordonnées des syndicats. A Arcachon, ceux-ci tiennent une permanence dans les locaux mêmes de la maison. « La plupart du temps, il suffit de mener une médiation pour résoudre le problème qui, souvent, relève plus d'une méconnaissance de la part de l'employeur que d'une malhonnêteté », explique Gerardo Deustua, chargé de mission à la Cobas (Communauté d'agglomérations du bassin d'Arcachon Sud), à l'initiative de la structure : « En 2004, sur 50 interventions menées par l'un des syndicats, une seule s'est finie devant les prud'hommes. »

Charte du saisonnier

L'ANPE, le CIDFF (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles), l'inspection du travail, la mission locale ou encore l'Umih de Gironde tiennent aussi des permanences au sein de la maison, ouverte de mai à septembre.

En 2004, elle a reçu 1 426 visites. « 20 % des 6 000 saisonniers en poste se sont rapprochés de la MDS », estime Gerardo Deustua. Les employeurs manifestent aussi leur intérêt ; 70 entreprises ont signé une charte de l'emploi saisonnier mise en place par la MDS, à laquelle adhèrent collectivités locales et syndicats.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega