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Les Pratiques

Chez Volkswagen, à chaque âge son temps de travail

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 12.04.2005 | Marion Leo, à Berlin

Le dernier accord salarial de VW inaugure un dispositif d'épargne temps obligatoire qui organise la flexibilité du temps de travail tout au long de la vie professionnelle. Avec cette sorte de CET de long terme, les jeunes travaillent plus pour se préparer une fin de carrière en douceur.

Gel des salaires pendant deux ans, plus de flexibilité et des conditions d'embauche moins favorables en échange d'une garantie de l'emploi jusqu'en 2011 : le dernier accord salarial, adopté par Volkswagen le 3 novembre 2004, a été interprété comme un durcissement du modèle social allemand.

Retraite anticipée

Mais une autre mesure importante est passée quasi inaperçue. En accord avec son comité d'entreprise, VW a imposé le «temps de travail démographique», entré en vigueur au 1er mars dernier. Ce modèle permettra aux 99 000 salariés des six usines en Allemagne de l'Ouest de partir plus tôt à la retraite ou de travailler à temps partiel en fin de carrière sans perdre d'argent. Le principe est simple : faire en sorte qu'un salarié travaille plus dans sa jeunesse et moins quand il vieillit.

La décision du gouvernement, en 2001, de mettre progressivement fin aux préretraites a réactivé un outil de gestion des temps de VW, jusque-là fondé sur le volontariat : le «compte actions temps libre» (cf. Entreprise & Carrières n° 605). « Cette législation pouvait, en effet, être lourde de conséquences en termes de santé pour nos salariés », explique un porte-parole de VW.

Depuis 1998, les salariés du constructeur disposent de « comptes épargne temps à vie », sur lesquels ils peuvent investir l'équivalent de leurs heures supplémentaires ou une partie de leur salaire. Ces comptes sont transformés en «actions temps libre», placées dans un fonds d'investissement spécifique, géré par le groupe. En fin de carrière, la somme investie est reconvertie en heures et permet au salarié de partir plus tôt à la retraite ou de travailler à temps partiel. VW garantit un rendement annuel de 3 %. En cas de crash boursier, les salariés sont sûrs de récupérer au moins la somme investie. « Plus de 50 % de nos salariés ont acheté des actions temps libre et certains y investissent beaucoup d'argent », se félicite le porte-parole.

Versements obligatoires

Seul problème pour VW : le recours volontaire à cet instrument. S'il était populaire auprès des salariés âgés, il restait boudé par les jeunes. Depuis le 1er mars, tous les employés sont obligés de verser sur ces comptes l'équivalent d'une heure et demie de travail supplémentaire par semaine, soit 66 heures par an. « Notre objectif est de permettre un passage en douceur à la retraite et de libérer aussi des postes pour les plus jeunes », assure le porte-parole. Selon le comité d'entreprise, les jeunes salariés préféreraient recevoir cet argent tout de suite. « Mais ils doivent, eux aussi, dès aujourd'hui, se préoccuper de leurs retraites », estime une représentante des salariés.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin