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DRH et complémentaires traquent l'absentéisme

Dossier | publié le : 28.06.2005 | M.-P. V.

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DRH et complémentaires traquent l'absentéisme

Crédit photo M.-P. V.

Alors que la réforme de l'assurance maladie doit accroître l'efficacité des contrôles et limiter les abus sur les arrêts maladie, organismes complémentaires et entreprises cherchent à prévenir l'absentéisme.

Les salariés abusent-ils des arrêts de travail ? Selon le ministère de la Santé, les prescriptions ont augmenté de 9,2 % par an en moyenne au cours de la période 1999-2003. En 2003, le coût des arrêts de travail s'élevait à 7,4 milliards d'euros, dont 5,4 milliards pour l'assurance maladie. Selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), il semblerait que 6 % de ces arrêts se révèlent injustifiés. Aussi, la réforme de l'assurance maladie a-t-elle prévu de renforcer le contrôle et le suivi des arrêts de travail.

Contrôles renforcés

Le service du contrôle médical a, désormais, la possibilité de convoquer les assurés en se fondant sur la fréquence des prescriptions d'arrêts de travail. En outre, la loi permet de suspendre les indemnités journalières si l'assuré se soustrait au contrôle de la Sécurité sociale, voire de demander le remboursement de sommes indûment perçues. Objectif : faire économiser un milliard d'euros par an aux caisses d'assurance maladie. « Nous attendons beaucoup du renforcement de ces contrôles », commente Yanick Philippon, directeur technique d'AG2R, qui s'inquiète de l'envolée des prestations incapacité et invalidité. « En 2004, elles ont augmenté de 10 % à 15 %. Les arrêts de travail pèsent fortement sur la structure du régime de prévoyance. Le poste décès, qui se tient bien, ne permet pas de l'équilibrer. »

Explosion des arrêts de longue durée

« Aujourd'hui, après avoir beaucoup souffert au cours des années 2002-2004, on note une décélération dans l'augmentation des arrêts de travail », rectifie Stéphane Lecocq, directeur technique des assurances collectives et santé d'Axa France.

« Cela dit, note Gilles Johanet, directeur des assurances collectives et santé individuelles d'AGF, nous continuons à observer un accroissement de la durée de l'arrêt de travail. Par ailleurs, les entrées en arrêt de longue durée ont explosé sur les cinq dernières années. » AGF déclare avoir « rétabli une politique de contrôle qui s'est avérée efficace ».

Axa, qui, à l'image de tous les assureurs, n'avait pas entrepris de démarche ambitieuse, demande aujourd'hui au salarié en arrêt de travail de faire établir un certificat par son médecin et de l'envoyer au médecin-conseil de la compagnie. « Cette pratique a un effet psychologique certain. Cela nous permet aussi d'obtenir des informations sur la durée probable de l'arrêt de travail, et nous aide à mieux piloter le risque. » En revanche, l'assureur se refuse, pour l'instant, à pratiquer la contre-visite médicale avec contrôle à domicile. « C'est cher et intrusif. A la rigueur, nous pourrions l'envisager de manière exceptionnelle pour les salariés d'entreprises dont le compte de résultat dérape de manière anormale », indique Stéphane Lecocq.

Conditions de travail

Pour les syndicats, la solution est à rechercher du côté de la prévention des risques dans l'entreprise. « Les employeurs ont une part de responsabilité, qui tient aux conditions de travail, dans les dérives des postes incapacité et invalidité », estime Maurice Quinquenel, secrétaire national de la Fédération protection sociale CFDT. « Les garanties collectives doivent tenir compte des conditions de travail, souvent à l'origine des pathologies et des arrêts. Elles doivent s'accompagner d'un vrai travail de prévention », confirme Michelle Doucinot, à la Fédération protection sociale CGT.

Alors, faut-il faire de la prévention pour enrayer la hausse des arrêts de travail ? « Il est dans la vocation d'une entreprise de faire de la sécurité au travail, convient Gilles Johanet, d'AGF. Mais est-ce son rôle que de cofinancer des programmes de lutte contre le tabagisme ou l'alcoolisme ? »

Outils de prévention

AGF commence, néanmoins, à travailler avec Solareh, une société canadienne présente en France depuis sept ans, qui propose des outils de prévention des arrêts de travail ayant une origine d'ordre psychologique. « En 2003, les comptes des régimes de prévoyance ont été particulièrement mauvais pour tout le monde, commente le directeur général, Jean-Hubert de Kersabiec. Du coup, les organismes complémentaires ont manifesté davantage d'intérêt pour notre activité, qui a fortement progressé. »

Axa France, de son côté, s'est rapproché de Pluridis pour proposer à ses assurés des prestations ponctuelles d'assistance psychologique par téléphone. Les Mutuelles Mieux-Etre, elles, ont conclu un partenariat avec Psya.

Tableaux de bord

AG2R s'interroge sur les actions à mettre en oeuvre. « Certains de nos clients y réfléchissent, mais ils ne sont pas encore prêts à passer à l'action, car les dérives sur l'arrêt de travail sont encore relativement nouvelles pour eux. Nous avons commencé à développer des tableaux de bord pour identifier et expliquer les causes de ces phénomènes. Nous nous sommes également rapprochés de prestataires comme Solareh et Mondial Assistance », raconte Yanick Philippon.

C'est à la demande d'organismes complémentaires que Mondial Assistance a créé Présentéisme, un produit commercialisé depuis six mois auprès des assureurs et des institutions de prévoyance. « Présentéisme comporte trois volets, explique Laurent Goldstein, directeur du pôle santé. D'abord, nous cartographions et modélisons les risques susceptibles de générer de l'absentéisme. Puis, nous proposons un plan d'action au chef d'entreprise, qui peut s'appuyer sur notre réseau d'experts. Enfin, une plate-forme téléphonique, Autonomie Santé, animée par du personnel de santé, est mise à la disposition des salariés pour exposer leur problème et obtenir de la documentation. Dans les cinq jours qui suivent, le salarié est rappelé pour en parler et être éventuellement orienté vers un médecin. »

40 000 salariés couverts

Mondial Assistance a déjà conclu un premier contrat avec « une grosse institution de prévoyance ». Il s'apprête également à signer avec un assureur privé et « des discussions sont engagées avec un cabinet de courtage ». « Dix entreprises de plus de 200 personnes utilisent déjà notre produit. Elles devraient être 120 dans un an, soit 40 000 salariés couverts », prévoit Laurent Goldstein.

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  • M.-P. V.