Malgré les différences nationales, il existe un modèle social européen fondé sur une économie performante et un niveau élevé de protection sociale. Une panoplie de régulations législatives, mais aussi de pratiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale est présente dans les quinze plus anciens membres de l'Union européenne. Mais on ne peut ignorer les attaques incessantes dont ce modèle est la cible de la part des néo-libéraux, qui trouvent la protection sociale trop onéreuse et contraignante pour l'entreprise.

Le modèle américain fonctionne comme un chant des sirènes pour la Grande-Bretagne, qui fit échouer la plupart des directives dans le domaine du droit du travail et de la politique sociale lorsque le système de veto permettait à un seul Etat de bloquer toute nouvelle décision.

Aujourd'hui, il reste évident que l'absence d'harmonisation en matière sociale ne peut que susciter des comportements de dumping social aux dépens d'une concurrence saine et régulée, et ce, d'autant plus que l'UE est, aujourd'hui, étendue à des Etats généralement en retard sur les plans économique et social. Si l'adhésion à l'Europe a fourni aux pays de l'Est l'occasion d'éviter l'ancrage dans un néo-libéralisme à tous crins, les tendances dans les nouveaux Etats membres, de même que leur absence de conviction relative au modèle social représentent une réelle menace.

L'ouvrage de Daniel Vaughan-Whitehead, économiste en charge des politiques salariales et des conditions de travail auprès de l'OIT, à Genève, a pour objet de faire le point sur les perspectives sociales, domaine par domaine, à la lumière des caractéristiques des nouveaux Etats membres et des possibles sources de blocage dans le champ social.