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Les Pratiques

L'outsourcing au large de Los Angeles

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 18.10.2005 | Caroline Talbot à New York

Une start-up américaine, en installant les experts étrangers dans un navire de croisière, se propose d'amener aux portes de la Californie des services informatiques bon marché.

Deux entrepreneurs américains ont décidé de rapprocher l'outsourcing de ses donneurs d'ordres, en amenant la main-d'oeuvre étrangère bon marché au large des côtes californiennes. Leur idée : armer un grand bateau, rempli de 600 programmeurs indiens, russes, chinois..., et l'installer dans les eaux internationales, à deux pas de Los Angeles, près de ses clients.

Communication facilitée

David Cook, 42 ans, ancien capitaine de supertanker, est le marin de l'aventure. Son associé, Roger Green, est l'informaticien. Il travaille depuis trente ans dans le secteur du logiciel. On l'a vu chez Boole and Babbage, puis chez Cymer, un équipementier spécialiste des semi-conducteurs. Il dit avoir identifié le dilemme des entrepreneurs américains. Certes, ils réduisent leurs coûts en envoyant recherche, programmation et entretien de leurs systèmes informatiques à l'étranger. Mais la communication est difficile, le décalage horaire ralentit la transmission et l'incompréhension s'installe.

Roger Green, lui, veut offrir les prix de la sous-traitance indienne aux portes de la Californie. Les entrepreneurs clients pourront alors facilement se rendre auprès des programmeurs, expliquer ce qu'ils veulent. Et, au besoin, revenir quand ils rencontrent des difficultés. L'initiative a été accueillie avec scepticisme par les professionnels. « Je ne suis pas sûr que ce soit viable, je ne vois pas comment développer le concept en grand, dit ainsi Ajay Sharma, spécialiste en outsourcing du William Davidson Institute, à l'université du Michigan. Vous imaginez la côte, couverte de bateaux d'informaticiens et d'hélicoptères pour leur rendre visite ?... »

Roger Green et David Cook y croient pourtant, et s'activent au sein de la start-up Seacode Inc, installée a San Diego. Ils ont convaincu Barry Shillito, un capital risqueur, ancien ponte du ministère de la Défense. Et ont jeté leur dévolu sur un vieux bateau de croisière, Le Carousel. Enregistré sous un pavillon de complaisance aux Bahamas, celui-ci pourrait s'installer au large de Los Angeles dès 2006. Et il naviguerait dans les eaux internationales, évitant ainsi l'application de toute législation américaine sur le travail des étrangers.

Quatre mois à bord

Roger Green offre un salaire trois fois supérieur à la fiche de paie indienne... mais bien inférieur aux tarifs américains. Le salarié de SeaCode gagnera ainsi 1 800 dollars par mois, en travaillant intensivement quatre mois à bord, suivis par deux mois de temps libre. Il disposera sur le bateau d'une salle de sports, d'une chambre équipée et d'un service de blanchisserie. Il y aura aussi un médecin à bord. Roger Green espère ainsi convaincre les meilleurs informaticiens étrangers, les experts SAP indiens, les ingénieurs réseau chinois et de talentueux développeurs russes.

Auteur

  • Caroline Talbot à New York