Il y a un an, la création d'une nouvelle unité de production des laboratoires Servier, à Gidy (45), a permis à Jean-Philippe Authier, directeur de la production, et à Patrice Martin, DRH, de rêver à une nouvelle organisation du travail. Aujourd'hui, cette unité de production, créée pour le lancement de nouveaux médicaments, regroupe 50 salariés. Leur particularité : être acteurs d'une organisation élaborée, entre autres, par des opérateurs, techniciens et animateurs internes, qui n'ont, pour 90 % d'entre eux, pas rejoint l'unité, ne souhaitant pas quitter leurs fonctions.

Le concept n'est pas nouveau puisqu'il repose sur des équipes à responsabilité élargie. Deux enjeux se présentaient avant la création de l'entité. D'abord humain, « nous voulions que les salariés se positionnent sur une plus grande valeur ajoutée humaine et génératrice d'épanouissement », explique Patrice Martin. Puis un enjeu économique et industriel, dû à la concurrence accrue des médicaments génériques et à une réglementation qui se durcit. « Il fallait un personnel plus engagé vers la performance, c'est pourquoi nous avons imaginé un schéma hiérarchique simplifié et une organisation plus légère », précise Jean-Philippe Authier.

Aujourd'hui, les cinq niveaux de hiérarchie se sont réduits à trois : une équipe, un encadrement et un directeur d'unité. « Pour les créer, le point de départ a été d'inverser le schéma traditionnel en nous appuyant d'abord sur les équipes pour remonter ensuite jusqu'à la direction », ajoute le DRH. Seize groupes de travail ont été constitués. Ils ont permis d'élaborer des fiches descriptives des postes. Puis, la campagne de recrutement interne, ouverte à tous, s'est déroulée sur la base du volontariat. Une trentaine de candidats ont postulé pour une quinzaine d'emplois à pourvoir. « L'objectif n'était pas de constituer une équipe d'élite », revendique Jean-Philippe Authier. Trente formations ont été organisées « pour que chacun assimile son rôle dans cette nouvelle organisation », précise Gilbert Lippmann, directeur de Proconseil qui a participé à cette refonte.

Les premiers retours de l'expérience tablent sur une production de 50 millions de boîtes de médicaments en un an. Actuellement, le déploiement à l'ensemble de la production est engagé. « D'ici à juin prochain, nous voulons étendre ce modèle aux trois autres unités de production de Gidy. Au total, nous nous fixons un délai de deux ans pour le développer à toutes les organisations industrielles pharmaceutiques », déclare Jean-Philippe Authier. Trois filiales semblent tentées par l'aventure. « La difficulté sera de s'adapter aux cultures et aux problématiques des salariés étrangers du groupe », prévoit Patrice Martin. En effet, les laboratoires Servier comptent 16 000 collaborateurs dans le monde.