En signant, le 3 octobre dernier, la charte de la diversité, la Ville de Lyon poursuivait un double objectif : formaliser une démarche qu'elle avait engagée depuis déjà près de deux ans et valoriser par sa présence à leurs côtés les quelque 35 entreprises de l'agglomération qui, ce jour-là, ont adopté cette même charte.

« Nous savions qu'il nous restait juste un petit effort à fournir pour être conformes à ses principes, explique Najat Belkacem, conseillère au cabinet du maire de Lyon. Par ailleurs, cette situation était originale puisque nous sommes la première ville à signer la charte. Enfin, le maire, Gérard Collomb, a fermement l'intention que celle-ci ne reste pas lettre morte, comme on a pu le voir ailleurs. Il compte donc sur la solennité apportée par la présence de la Ville pour amener les signataires à faire régulièrement des bilans de leurs actions. Un premier rendez-vous est déjà prévu dans un an. »

Avec plus de 7 000 salariés, la Ville de Lyon se trouve dans une situation comparable à celle d'une entreprise privée. Et son implication concrète dans la lutte contre les discriminations date de la création, il y a deux ans, du Gipiv (Groupe d'initiative pour l'intégration dans la ville). Composée de 25 membres bénévoles - personnalités ou acteurs de terrain -, cette instance consultative a pour mission de détecter les dysfonctionnements et les besoins en matière d'intégration, et de formuler des recommandations concrètes dans différents domaines.

« Le premier sur lequel ses membres ont travaillé est celui de l'emploi, indique Najat Belkacem, chargée du suivi du Gipiv. Et le rapport qu'ils ont remis au maire en janvier 2004 comporte dix propositions que la ville a faites siennes. En les mettant en oeuvre, nous nous sommes engagés dans des choses très novatrices. »

Il en est ainsi avec la création d'une mission «Egalité» : « Celle-ci n'est pas un service, mais une structure fonctionnelle transversale, commente son responsable, Alexandre Kosak, sociologue et philosophe de formation. Elle travaille avec la DRH. Dès lors, tous les référents RH présents dans les services sont devenus des référents égalité. »

La première étape de sa mission a consisté à faire un état des lieux sociologique, «sujet polémique» dès qu'il s'agit d'aborder le critère de mesure. « Nous avons opté pour le quartier d'origine, poursuit le chargé de mission, obtenant, ainsi, un prédiagnostic de l'ancrage territorial des effectifs de la ville : sur 218 agents recrutés depuis le 1er janvier 2005, 48 % habitent à Lyon et, parmi eux, 31 % vivent dans un quartier classé politique de la ville. » Sachant que 20 % de la population lyonnaise vit dans ces quartiers difficiles, la ville aurait pu se contenter de cet équilibre apparent, mais « nous avons l'intention de pousser plus loin l'analyse, service par service, catégorie par catégorie, affirme Alexandre Kosak, en retenant, cette fois, le critère patronymique. Là encore, le sujet est délicat, et nous travaillons sur ce point avec la Cnil. »

Parmi les autres actions de la ville, qui découlent des propositions du Gipiv, le speed dating, qui a mis en contact, à la mi-novembre, entreprises et chômeurs des quartiers difficiles ; l'accompagnement des publics en insertion, vivant dans ces mêmes quartiers, dans la préparation des concours de la fonction publique ; enfin, et surtout, la mise en place, avec le Fasild, de formations destinées aux agents et aux élus.

« Nous commencerons par les agents chargés du recrutement, avec des sessions d'une journée minimum, au cours desquelles des juristes, des sociologues... rappelleront la loi et les différentes formes de discrimination. Car celle-ci s'insinue partout, et nous devons comprendre comment nous participons chacun à ce processus. »

> Activité : collectivité territoriale.

> Effectifs : 7 000 salariés.