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Enquête

Une prévention rapidement rentable

Enquête | publié le : 17.01.2006 | E. F.

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Une prévention rapidement rentable

Crédit photo E. F.

L'hôpital parisien Notre-Dame de Bon Secours s'attend à rentabiliser rapidement son plan de prévention des accidents du travail. Il n'espère cependant pas réaliser des économies sur ses cotisations versées à la branche AT-MP.

Depuis le début du mois de décembre 2005, les 150 aides-soignants du service gériatrie de l'hôpital privé Notre-Dame de Bon Secours disposent de 10 nouveaux lève-malades, de 10 verticalisateurs et de 17 tapis de rehaussement. A l'achat de ce matériel, qui rend plus facile la manipulation des personnes âgées, s'ajoutent des sessions de formation à son utilisation et aux bons gestes et postures. Coût total du projet : 569 000 euros sur dix ans. La somme peut paraître élevée, mais l'investissement devrait s'avérer rentable assez rapidement.

Ce projet, soutenu par l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et la Caisse régionale d'assurance maladie d'Ile-de-France (Cramif), doit, en effet, permettre de réduire les accidents du travail (AT) des personnels soignants en gériatrie, liés à la manutention manuelle. A côté de l'amélioration des conditions de travail de ses salariés, l'hôpital en attend aussi des économies.

703 journées de travail perdues

Sur les 133 AT (hors trajet) survenus en 2003, Jean-Philippe Sabathé, ergonome de l'hôpital, a identifié les 24 lombalgies, dorsalgies et autres problèmes d'épaule dont ont été victimes les soignants en gériatrie, comme étant «les plus graves», du point de vue de la longueur de l'arrêt de travail, de la difficulté du retour à l'emploi, de l'irréversibilité de l'atteinte physique et, in fine, du coût pour l'établissement.

Les 21 AT (3 n'ont pas donné lieu à des entretiens avec les victimes) qu'il a pu analyser ont fait perdre 703 journées de travail à l'hôpital. Ils lui ont coûté 206 450 euros, dont 46 850 euros de cotisations à la branche AT-MP, et 159 600 euros de «coûts indirects» : temps consacré à la personne blessée au moment de l'accident, coût de son remplacement, maintien du complément de salaire aux indemnités journalières et «entraide». Ce dernier rappelle que, lorsque le salarié accidenté reprend son poste, il ne travaille plus comme avant, et sollicite, de ce fait, l'entraide de ses collègues. « Le temps passé par ces derniers à aider leur collègue de retour d'AT est un poste majeur de dépenses, car l'entraide ne cesse qu'au moment où on peut utiliser les outils de manutention », explique Jean-Philippe Sabathé.

Economies sur les coûts indirects

Selon l'hypothèse de réduction des AT retenue, Jean-Philippe Sabathé estime que l'investissement de prévention devrait être rentabilisé soit en 1,2 an, soit en 3,3 ans. Selon lui, « les économies se réalisent uniquement sur les coûts indirects », et non sur la baisse des cotisations AT-MP, qui « ne sont pas incitatives ».

Pourtant, le principe du «coût réel», théoriquement le plus représentatif de l'état des AT-MP, s'applique à Notre-Dame de Bon Secours, établissement de plus de 200 salariés. Mais la partie de ces cotisations sur laquelle l'hôpital peut vraiment jouer est trop réduite pour créer de vraies économies. Les 1,15 % de la masse salariale que l'établissement verse à la branche AT-MP incluent des cotisations fixes (trajet et dépenses de fonctionnement de la Cram), et seulement 0,2 % de cotisation variable. Le système est d'autant moins incitatif que le niveau des cotisations est calculé à partir des résultats des trois années précédentes. Or, Notre-Dame de Bon Secours a vu les AT de ses soignants en gériatrie augmenter fortement en 2003, « sans doute du fait du passage aux 35 heures, qui s'est traduit par une intensification du travail ».

Mécènes privés

De nouveaux postes ont bien été ouverts pour compenser la réduction du temps de travail, mais l'établissement s'est heurté à une pénurie de main-d'oeuvre. Conséquence : les cotisations AT-MP de l'hôpital vont augmenter précisément au moment où les investissements de prévention devraient commencer à produire leurs effets.

« Il n'est pas possible de se baser sur les cotisations AT-MP pour évaluer l'efficacité d'un projet de prévention », explique Jean-Philippe Sabathé, qui regrette, également, que les Cram ne disposent pas des crédits suffisants pour aider les entreprises à investir dans la prévention. Le projet de Notre-Dame de Bon Secours a, d'ailleurs, été financé par des mécènes privés : le groupe de prévoyance AG2R, Carrefour Solidarité France, et Arjo, une entreprise spécialisée dans les équipements hospitaliers.

Hôpital Notre-Dame de Bon Secours

> Effectifs : 900 salariés.

> Quatre établissements : hôpital Notre-Dame de Bon Secours, maison d'accueil Sainte-Monique, résidence Notre-Dame de Bon Secours, Institut de formation en soins infirmiers.

Auteur

  • E. F.