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Enquête

Les atouts du sur-mesure

Enquête | publié le : 24.01.2006 | Laurent Gérard

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Les atouts du sur-mesure

Crédit photo Laurent Gérard

Le e-learning connaît une phase de transition. Les produits «sur étagère» en bureautique et en langues atteignent une forme de palier de croissance. Parallèlement, le générique sur d'autres sujets comme le management et les produits «sur mesure» se développent.

Où en est le e-learning et ses promesses ? Selon Jacques Bahry, président du Forum français pour la formation ouverte et à distance (Fffod), « ce type de modalité pédagogique traverse une étape nouvelle. Après l'extrême euphorie des années de la bulle Internet, on est passé à l'extrême inverse. Les nombreuses disparitions et faillites de prestataires l'expliquent facilement. Cela dit, au Fffod, nous n'avons jamais cru aux chiffres illusionnistes venant d'outre-Atlantique ! La seule vertu de ce battage a été de créer une dynamique médiatique autour du e-learning ».

Ainsi, selon Jacques Bahry, aujourd'hui, le marché est réel, mais petit. Et ce ne sont pas de grosses entreprises américaines qui occupent le marché hexagonal, mais bien des prestataires français, surtout les offreurs de formation traditionnels, qui introduisent le e-learning dans des formes classiques de formation, pour proposer des formations hybrides. « C'est plus compliqué à lire, mais plus conforme aux vraies pratiques », conclut le président du Fffod.

Optimisme partagé

Finalement, sur les espoirs de développement du e-learning en 2006, on constate que des prestataires très différents en termes d'offres peuvent afficher un même optimisme. Ainsi, par exemple, Crossknowledge et Amplitudes. Le premier est français et fait du e-learning «sur étagère» en management, efficacité personnelle... Il a produit 250 modules de formation générique, disponibles en six langues, d'une durée variant de 30 à 60 minutes et bénéficiant d'un usage systématique du son et de la vidéo.

Une croissance de 50 % en un an

Cette entreprise emploie 50 salariés, mais a recours à des experts de contenus externes. Elle a participé à des opérations importantes (PSA, Valeo) et 60 de ses modules sont intégrés dans le Campus Renault. Pascal El Grably, directeur associé de Crossknowledge, est confiant : « L'année 2005 s'est terminée avec un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros, soit une croissance de 50 % en un an. Et, pour 2006, le niveau de commandes atteint déjà 17 millions d'euros ! »

Autre prestataire, au positionnement totalement différent, mais au même optimisme : Amplitudes. Créée en 1994, cette société, qui produit du e-learning uniquement sur mesure, a, depuis, mené une cinquantaine de projets, aussi bien sur la cotation des entreprises pour la Banque de France que sur la fabrication des pneus pour un regroupement de producteurs mondiaux, et sur la sécurité des laboratoires pour l'INRS.

Un marché plus «mûr»

En 2005, Amplitudes a réalisé un million d'euros de chiffre d'affaires, en augmentation de 15 %. Surtout, son directeur général, Jean-Vincent Voyer, s'attend à une année 2006 « explosive ». Pourquoi ? « Parce que les demandes spontanées s'accumulent et concernent des projets de plus en plus lourds. » A cela, il avance plusieurs explications.

Tout d'abord, le débat sur les plates-formes est terminé. Elles existent, autant les utiliser, mais les clients comprennent que l'essentiel est dans le contenu. Ensuite, le fantasme de l'eldorado d'un marché naissant est digéré. Nombre d'ambitions délirantes émanant de prestataires informatiques ou d'organismes de formation se sont calmées.

Tous les secteurs et toutes les problématiques

Parallèlement, les clients ont accumulé les petites et grandes expériences et dépassent le stade du tâtonnement. Enfin, les responsables formation et les formateurs ne craignent plus la suppression pure et simple du présentiel au profit du e-learning. Eux aussi ont fait leurs expériences et ont mûri. Tout cela converge, estime Jean-Vincent Voyer : « Hier, les demandes provenaient des banques, des assurances, des réseaux de franchise. Aujourd'hui, les appels spontanés émanent de tous les secteurs et concernent toutes les problématiques. En fait, désormais, dès qu'un projet de formation touche 100 ou 200 personnes, les clients pensent e-learning. Principalement dans les grandes entreprises, mais même les institutions travaillant au développement des PME-PMI sont intéressées : une CCI nous a demandé de produire des éléments de e-learning sur les fondamentaux du commercial. »

Ces deux prestataires aux positionnements antagonistes (Crossknowledge estime que le sur-mesure est peu intéressant du fait d'un effondrement des coûts ; Amplitudes développe son premier produit générique sur les techniques téléphone en centre d'appels avec prudence) partagent donc un bel optimisme.

Accompagner le e-learning

Le récent rachat par Demos de eLearning Agency, créée par deux anciens de la Cegos, ne contredira pas cette manifestation d'optimisme, même si les objectifs annoncés en termes de chiffre d'affaires restent pondérés.

Reste que, aux yeux de Jacques Bahry, le e-learning, pour se développer véritablement, devra creuser deux sillons : celui de l'individualisation (qu'en est-il réellement ?). Et celui de la médiation humaine. « Cette dernière apparaît toujours plus nécessaire pour accompagner le e-learning et reste finalement moins chère qu'une «suraccumulation» d'outils techniques », estime le président du Fffod.

L'essentiel

1 Le marché du e-learning est réel, mais petit. Le développement des formations hybrides intégrant des éléments de e-learning semble plutôt prometteur.

2 Le e-learning fait son chemin dans les mentalités : désormais, dès qu'un projet de formation concerne 100 ou 200 personnes, l'entreprise envisage une solution e-learning.

3 Les formations en e-learning sur mesure suscitent un véritable intérêt : les appels spontanés concernent désormais tous les secteurs et toutes les problématiques.

4 Point faible : les tentatives de calcul des coûts du e-learning sont extrêmement décevantes. La question de son efficience liée aux objectifs de formation reste peu posée.

Auteur

  • Laurent Gérard