L'Espagne n'offre pas le meilleur exemple de conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle. C'est pourquoi MRW, une société de messagerie, s'y distingue. Sa politique en la matière n'a d'ailleurs pas échappé à la fondation + Familia, qui lui a décerné son premier prix, celui de l'entreprise «responsable de la famille». Si la conciliation a fait son entrée, depuis quelques années, dans les programmes des partis politiques, MRW a analysé la question depuis déjà une dizaine d'années. « Nous nous sommes rendu compte que le turn-over, l'absentéisme et le stress diminuent considérablement si l'équilibre personnel des salariés est assuré », explique Silvia Vilchez, directrice du département des relations humaines.

La mesure la plus importante et la plus surprenante, dans un pays où les journées de travail à rallonge sont une habitude, reste celle de la journée «intensive». Depuis 1997, 82 % des salariés du siège central commencent à 8 h 00 et terminent à 16 h 00, avec une demi-heure de pause. Le long arrêt typique de 14 h 00 à 16 h 00 pour déjeuner a donc disparu. Carmen, 34 ans, mère d'un enfant et enceinte du deuxième, travaille depuis douze ans chez MRW comme employée administrative au service comptabilité : « J'ai connu l'ancien horaire et le nouveau, et je peux vous assurer que je préfère sortir à 16 h 00 ! Cela me permet d'aller chercher mon fils à l'école et de m'en occuper », raconte la jeune femme. Cette politique est d'autant plus importante dans cette entreprise que la moyenne d'âge des femmes est de 33 ans et demi. D'ailleurs, le taux de natalité de MRW, de 2,1 (contre 1,3 en Espagne), témoigne du succès de la mesure.

Parallèlement, MRW a mis en place d'autres avantages : 100 euros mensuels d'aide pour des tickets garderie, un gymnase, une bibliothèque, un solarium avec massages et une salle d'ordinateurs. L'entreprise a aussi augmenté d'une demi-heure le temps autorisé par la loi pour l'allaitement. « Nous tentons de rompre les habitudes, de réinventer une manière de travailler. Mais si la loi espagnole offre de nombreux avantages, les salariés ont souvent peur de les utiliser », assure Silvia Vilchez, dont le département tente aussi d'implanter cette philosophie dans les quelque 750 franchises du groupe.

Le permis de paternité, par exemple, dispositif légal, illustre bien les difficultés. Presque aucun homme ne le prend. Jorge Macanchi, 35 ans, employé chez MRW depuis septembre 2000, a, lui, utilisé ces 28 jours légaux. Il a pu aussi assouplir ses horaires pour pouvoir rentrer chez lui avant que sa femme ne parte travailler.