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Enquête

« La réforme n'atteindra pas ses objectifs »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 28.02.2006 | E. F.

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« La réforme n'atteindra pas ses objectifs »

Crédit photo E. F.

E & C : Quel regard portez-vous sur la réforme aujourd'hui ?

P. R. : La réforme avait pour but de permettre l'accès au plus grand nombre à la formation, d'améliorer la compétitivité des entreprises, de répondre à l'évolution de la pyramide des âges, et de développer l'employabilité des salariés. Mais elle n'atteindra pas ses objectifs.

E & C : Pour quelles raisons ?

P. R. : En complexifiant le droit de la formation, elle exclut, de facto, les TPME, et réserve l'accès à la formation aux cols blancs des grandes entreprises, celles qui ont les compétences internes pour se saisir de la loi et comprendre le système de financement de la formation.

E & C : Et le DIF ?

P. R. : Ce dispositif repose sur un malentendu. Les syndicats y ont vu un moyen de sécuriser les parcours professionnels, quand le patronat a compris que les entreprises n'étaient pas obligées de s'engager sur le DIF. Conséquence : très peu d'entreprises s'en sont saisies. Lorsque les salariés auront accumulé 60 ou 80 heures de formation, et voudront les utiliser, les entreprises devront refuser et affronter la frustration des salariés.

E & C : Qu'aurait-il fallu faire ?

P. R. : Aménager la réforme pour les PME. Augmenter plus fortement, pour elles, l'allocation de remplacement d'un salarié partant en formation, qui est limitée à 50 % du Smic. Car perdre la force de production d'un salarié qui part en formation coûte beaucoup plus à une PME qu'à une grande entreprise. On ne peut, de plus, réformer la formation sans réformer les Opca, trop nombreux, trop opaques, et aux frais de gestion trop élevés. Mais ni le patronat ni les syndicats n'ont intérêt à faire évoluer un système dans lequel ils trouvent leur compte.

E & C : Avez-vous d'autres suggestions ?

P. R. : Le marché de la formation doit être professionnalisé ; 70 % des entreprises de formation réalisent moins de 80 000 euros de chiffre d'affaires, c'est insuffisant pour consentir aux investissements nécessaires à l'amélioration de la qualité de leurs produits. Il faut donc limiter l'accès aux métiers de la formation aux prestataires justifiant d'un chiffre d'affaires minimal. Il faut, également, limiter le nombre de vacataires par cabinet, afin de garantir la cohérence des prestations. Il faudrait aussi exclure du plan les formations au développement personnel, grâce auxquelles prolifèrent des cabinets, et qui ne correspondent pas aux besoins des PME.

*Filiale du groupe Vedior.

Auteur

  • E. F.