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Enquête

Au pays de la «flexicurité»

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Gwladys Fouché, à Oslo

Le Danemark est un des pays européens qui investissent le plus dans l'emploi des 18-25 ans. Parmi les dispositifs en vogue, «la garantie jeunesse», qui permet aux jeunes de se former tout en touchant des allocations.

François Hollande en rêvait, le Danemark l'a fait. Le leader socialiste souhaite s'inspirer du petit pays nordique pour combattre le chômage des jeunes. Lors de la visite de l'ancien Premier ministre danois Poul Nyrup Rasmussen, en avril, à Paris, François Hollande avait fait l'éloge de la politique pour l'emploi du Danemark : « Elle a permis de faire baisser significativement le chômage. Ce modèle [...] fait objectivement le choix de l'investissement dans le capital humain, c'est-à-dire de la valorisation de ce qu'est le facteur de production, à savoir, le travail. » En particulier, le chef du PS souhaite importer en France une initiative spécifique, baptisée la «garantie jeunesse».

Une formation sur dix-huit mois

Celle-ci est un des éléments qui ont permis au Danemark de réduire considérablement son taux de chômage. En effet, seulement 3,3 % des Danois de moins de 25 ans n'ont pas d'emploi aujourd'hui. Ce taux, le plus bas depuis trente ans, est d'autant plus impressionnant qu'il est inférieur au taux de chômage total (5,7 %). En 1994, lorsque le chômage était au plus haut, 11% des jeunes danois n'avaient pas d'emploi, pour un taux de chômage total de 12,3%. Introduite en 1996 au Danemark, la garantie jeunesse offre au chômeur de moins de 30 ans la possibilité de suivre une formation pendant dix-huit mois tout en continuant à toucher des allocations de chômage.

Choix multiple

Cette offre est faite après six mois d'inactivité. « Cela peut être une formation continue, un long stage dans une entreprise, ou la préparation d'un certificat qui va mener à des études supérieures », explique Helle Clausen, conseillère au ministère de l'Emploi. Si le jeune a une assurance chômage (comme 80 % des actifs danois), il touchera jusqu'à 90 % de son dernier salaire, plafonné à 1 940 euros par mois. S'il n'a pas d'assurance chômage, il recevra entre 750 euros et 1 060 euros, selon son âge et d'éventuels enfants à charge.

Si le chômeur refuse de suivre une formation sans invoquer une bonne raison, cela est considéré comme un rejet d'une offre de travail. Lors du premier refus, les allocations sont suspendues pendant trois semaines. Au second, elles sont, purement et simplement, arrêtées. Le seul moyen de toucher de nouveau des allocations est de travailler pendant un an.

Arsenal de mesures

La garantie jeunesse fait partie du vaste arsenal de mesures antichômage que le Danemark utilise depuis les années 1990, arsenal qui a été baptisé «flexicurité» en France. Cette politique mélange flexibilité, car il est plus facile pour les entreprises de licencier, et sécurité, car les allocations chômage sont assez généreuses et garantissent aux actifs de pouvoir subvenir à leurs besoins pendant la période de chômage. Le Danemark est le pays d'Europe qui investit le plus dans les mesures antichômage (1,53 % de son PIB, comparé à 0,84 % pour la France). Le système est similaire à travers toute la Scandinavie.

« C'est une politique active pour l'emploi, explique Helle Clausen. Le système pousse les gens à rechercher activement un travail. S'ils ne trouvent pas, nous leur donnons les moyens de suivre une formation qui les aide à en retrouver. »

Danemark

> Taux de chômage des jeunes : 3,3 %.

> Principale mesure : «la garantie jeunesse», qui offre aux jeunes la possibilité de suivre une formation pendant dix-huit mois tout en touchant des allocations.

Auteur

  • Gwladys Fouché, à Oslo