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Les recettes europeennes

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Anne Bariet

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Les recettes europeennes

Crédit photo Anne Bariet

Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas... Comment font nos voisins européens pour lutter contre le chômage des jeunes ? Après la crise du CPE, les exemples européens sont scrutés par les politiques en vue de la campagne présidentielle de 2007. Petit vade-mecum des modèles à suivre et à ne pas suivre.

Après l'échec du CPE, la politique de l'emploi des jeunes est au point mort en France. Aujourd'hui, 22,8 % des jeunes actifs de moins de 25 ans sont au chômage. Les mesures votées le 13 avril par le Parlement - extension du contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis), du contrat jeune en entreprise (CJE) et du contrat de professionnalisation - reprennent des dispositifs existants qui n'ont pas encore fait la preuve de leur efficacité. Comment changer la donne ? Les leçons de la crise semblent avoir été tirées.

Dispositifs d'insertion dédiés

Primo, la priorité est de s'atteler non pas au chômage des jeunes de manière globale, mais à celui des non-qualifiés, premières victimes du chômage. Les 18-25 ans actuellement sur le marché du travail sont, en effet, ceux qui sont sortis du système scolaire le plus tôt. Ils cumulent des difficultés d'insertion semblables à celles de l'ensemble des actifs peu diplômés. Un constat qui pousse, par exemple, la CFDT à imaginer des dispositifs d'insertion dédiés avant tout à cette catégorie, tels que le Pava (parcours d'accès à la vie active), un accompagnement du jeune jusqu'au premier emploi.

Secundo, un meilleur équilibre entre flexibilité et sécurité est à trouver. C'est, en tout cas, l'avis de François Fillon, ancien ministre du Travail, qui affirme désormais que « l'une des fautes qui ont été commises, outre l'absence de discussion en amont, c'est que le CPE n'apparaît pas comme équilibré : c'est une mesure plutôt de flexibilité ». En clair, « Il faut aborder la question du droit du travail en même temps que la question de la sécurité ».

Sécurisation des parcours professionnels

La sécurisation des parcours professionnels, si chère à la CGT, sera, d'ailleurs, au coeur de la campagne présidentielle de 2007. Du PS à l'UMP, en passant par l'UDF et le PCF, les états-majors affinent leurs projets sur ce sujet. Le concept, avancé par Jean Boissonnat, en 1995, dans son rapport Le travail dans vingt ans, préconisait de substituer au contrat de travail un «contrat d'activité», avec l'idée que les droits de la personne ne sont pas attachés à son emploi, mais à l'individu, à la manière du droit individuel à la formation. L'objectif étant d'apporter un revenu garanti malgré la perte de son emploi.

Droits et devoirs

Pour les syndicats comme pour les partis politiques, les nuances existent, toutefois. A droite, on retient, tout d'abord, les devoirs des salariés licenciés, tandis qu'à gauche, on revendique surtout des droits, c'est-à-dire une obligation de reclassement.

Quelles leçons tirer de nos voisins européens ? Le PS regarde avec envie l'exemple danois et, en particulier, «la garantie jeunesse» qui consiste à proposer une formation longue à tout demandeur d'emploi de moins de 30 ans, au chômage depuis plus de trois mois, tout en continuant de toucher ses allocations. Le parti de François Hollande se dit également favorable au retour des emplois jeunes et à une modulation des cotisations Unedic selon le taux d'emplois précaires.

Le PCF milite pour la création de deux types de CDI, l'un dédié à la formation et l'autre à l'emploi.

Contrat emploi-formation

Du côté de l'UDF, on soutient l'idée d'un contrat emploi-formation pour les jeunes qui ont quitté le système scolaire sans qualification (160 000 chaque année). La partie formation serait alors prise en charge par l'Etat. Un dispositif qui existe déjà en Autriche mais aussi aux Pays-Bas. Dans ce dernier pays, par exemple, le gouvernement promet aux entreprises engageant des jeunes au parcours difficile de payer toutes les heures d'absence éventuelle en cas de formation.

L'UMP lorgne, de son côté, sur le modèle allemand de l'apprentissage. Le gouvernement vient, d'ailleurs, de lancer une nouvelle campagne en faveur du système dual - avec l'objectif ambitieux de 500 000 contrats signés par an d'ici à cinq ans.

Convaincre les entreprises

Le président de Schneider, Henri Lachmann, a même été appelé à la rescousse, chargé de convaincre les entreprises récalcitrantes. Mais le chemin est encore long. Les entreprises françaises ont, en moyenne, 0,6 % d'apprentis dans leurs effectifs tandis que les sociétés allemandes avancent le chiffre de 6 % !

Le New Deal anglais, qui consiste à accompagner les jeunes en proposant un emploi ou une formation, mais qui donne également la possibilité de supprimer les allocations en cas de refus, est, lui aussi, regardé avec attention. Outre-Manche, le taux de chômage des jeunes est de 1,6 %.

Nouvelles propositions

Patronat et syndicats tentent également d'enclencher de nouvelles propositions afin de peser dans le débat de la campagne présidentielle. Pour «renouer les liens», le Medef avait proposé, au lendemain du retrait du CPE, le 10 avril, d'organiser des rencontres bilatérales avec les grandes centrales syndicales. C'est Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui a ouvert le bal, le 15 mai. Les autres rencontres devraient avoir lieu ce mois-ci.

L'essentiel

1 La priorité est de s'atteler non pas au chômage des jeunes de manière globale, mais à celui des non-qualifiés, premières victimes du chômage. Les 18-25 ans actuellement sur le marché du travail sont, en effet, ceux qui sont sortis du système scolaire le plus tôt.

2 La sécurisation des parcours professionnels, si chère à la CGT, sera, d'ailleurs, au coeur de la campagne présidentielle de 2007. Du PS à l'UMP, en passant par l'UDF et le PCF, les états-majors affinent leurs projets sur ce sujet.

3 Garantie jeunesse, contrat emploi-formation, parcours Pava... Quelle que soit la dénomination, l'idée est d'offrir un accompagnement au jeune jusqu'au premier emploi.

Auteur

  • Anne Bariet