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Enquête

Mauvaise adéquation entre études et emplois

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Malika Maclouf, à Helsinki

Pousser les jeunes à entrer plus tôt sur le marché du travail : voilà, en Finlande, l'objectif poursuivi par les pouvoirs publics pour remédier au chômage qui touche plus de 20 % d'entre eux.

« Paradoxalement, en Finlande, l'éducation des jeunes est trop poussée. » Voilà comment la chercheuse Terhi-Anna Wilska analyse le taux de chômage assez élevé touchant les jeunes finlandais de moins de 25 ans : 20,1 % selon Eurostat en 2005, contre 18,5 % dans l'Europe des 25 et 16,7 % dans celle des 15. S'il est en deçà du taux français et décroît régulièrement depuis le pic des années 1990 - au moment de la grande dépression qui a suivi l'effondrement de l'URSS voisine, principale partenaire commerciale de la Finlande -, ce niveau reste élevé.

Il se concentre dans les métiers en vogue (médias, technologies de l'information, notamment), qui attirent davantage les jeunes diplômés, alors que la Finlande manque de main-d'oeuvre peu qualifiée. Une étude réalisée par le patronat indique, ainsi, que 30 % des entreprises peinent à trouver une main-d'oeuvre adaptée, importée désormais des pays voisins.

Emplois sous-qualifiés

Les jeunes hommes sont un peu plus touchés que les jeunes femmes par ce chômage, majoritairement de court terme (20,6 % contre 19,5 %), « parce que, d'une façon générale, ils renâclent à suivre des formations pour des emplois sous-qualifiés et peu payés, analyse Pekka Ylöstalo, du ministère du Travail. Les jeunes femmes, en revanche, peuvent accepter un salaire moyen et des conditions de travail difficiles pourvu qu'elles trouvent un emploi qui leur plaît ».

Précarisation en hausse

Si la période d'essai est limitée à quatre mois, le recours massif au travail temporaire « revient au même qu'une longue période probatoire », selon la ministre du Travail, Tarja Filatov. La Finlande détient un record en la matière, avec 40 % des contrats temporaires décrochés par les jeunes de 15 à 24 ans ! La précarisation guette.

Si l'on est loin du CPE, il existe un arsenal de mesures pour résorber le chômage des plus jeunes, comme les plans d'action individualisés établis avec les agences pour l'emploi, ainsi que les one-stop-shops, un guichet rassemblant tous les services auprès desquels un chômeur doit s'adresser pour simplifier ses démarches (sans que cela soit spécifique aux jeunes). « Simple, mais efficace », résume Pekka Ylöstalo. Il y a aussi, au bout de trois mois de chômage, une obligation, sous peine de voir amputer les allocations, de suivre une formation, un stage ou un «atelier pour jeunes». D'une durée moyenne de six mois, ces ateliers visent essentiellement des jeunes sans aucune formation, et ils semblent avoir prouvé leur efficacité. L'on peut, enfin, citer les contrats aidés, une mesure qui, en 2005, a concerné 4 000 jeunes chômeurs sur 64 000 : il s'agit d'un subside de 505 euros par mois versé par l'Etat aux entreprises pour chaque contrat de travail valide doté d'un salaire normal (déterminé, branche par branche, par les conventions collectives) et signé par un jeune chômeur.

Des conseillers en carrière à disposition

Le principal effort du plan national pour l'emploi, présenté en 2005 par le gouvernement, se porte en amont du marché du travail avec, par exemple, la mise à disposition de «conseillers en carrière» au sein même des universités et des écoles professionnelles (qui se partagent à égalité la population étudiante). Modernisées depuis quelques années, ces dernières devront aussi dispenser une formation pratique davantage liée au marché du travail pour donner une vraie expérience professionnelle - déterminante à l'embauche aux yeux des entreprises.

Last but not least, les pouvoirs publics veulent assurer une entrée plus rapide des jeunes sur le marché du travail, grâce à une simplification des procédures d'admission à l'université (les études ne commencent pas avant 21 ans aujourd'hui) et à un raccourcissement de la durée de formation, parmi les plus longues de la zone OCDE : en moyenne, il faut attendre 27 ans pour mener à bien un mastère ! On attend les premiers résultats pour l'année universitaire 2007-2008.

finlande

> Taux de chômage des jeunes : 20,1 %.

> Principales mesures : plan d'action individualisé établi avec les agences pour l'emploi ; «one-stop-shops» (sortes de Maison pour l'emploi) ; obligation au bout de trois mois de chômage de suivre une formation, un stage ou un «atelier pour jeunes», sous peine de voir les allocations amputées ; contrats aidés.

Auteur

  • Malika Maclouf, à Helsinki