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Les Pratiques

Réélection pour le patron qui restructure chez VW

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 23.05.2006 | Marion Leo, à Berlin

Selon le modèle allemand de cogestion, Bernd Pischetsrieder avait besoin de l'aval du conseil de surveillance, composé des représentants des actionnaires et des salariés, pour garder son poste à la tête de Volkswagen. Le tout dans un contexte de restructuration.

La réunion du conseil de surveillance de Volkswagen, le 2 mai dernier, dans l'hôtel chic Atlantic à Hambourg, aura duré toute une journée. Bernd Pischetsrieder, président du directoire du constructeur automobile, pouvait-il être conforté à son poste, sans bénéficier, apparemment, ni du soutien de Jürgen Peters, numéro un du syndicat IG Metall et vice-président du conseil de surveillance de VW, ni de celui de Ferdinand Piech, président du conseil de surveillance et prédécesseur de Bernd Pischetsrieder à la tête du groupe. Le soir même, VW indiquait dans un communiqué lapidaire que le conseil de surveillance avait « décidé de prolonger à l'unanimité le contrat de Bernd Pischetsrieder, président du directoire, jusqu'au 16 avril 2012 ». Le lendemain, lors de l'assemblée générale, les actionnaires de VW fustigeaient Ferdinand Piech pour son attitude peu claire.

Règles particulières

Ce suspens s'explique par les règles très particulières qui régissent, en Allemagne, la cogestion dans l'entreprise (Mitbestimmung auf der Unternehmensebene). Selon la loi de 1976 sur la cogestion (Mitbestimmungsgesetz), les conseils de surveillance dans les entreprises de plus de 2 000 salariés sont composés à parité par des représentants des actionnaires et par des représentants des salariés. Par exemple, dans une entreprise de plus de 20 000 personnes (comme VW, forte de 345 000 salariés dans le monde, dont près de 180 000 en Allemagne), les élus des actionnaires détiennent 10 sièges, les représentants du personnel en possèdent 7, et les syndicats présents dans l'entreprise 3. Si le conseil n'arrive pas à se mettre d'accord, le président, désigné par les actionnaires, peut trancher le conflit grâce à sa deuxième voix. Ce conseil a pour tâche principale de contrôler l'activité du directoire, dont il désigne les membres.

Concessions

Ainsi, Bernd Pischetsrieder avait-il besoin des deux tiers des voix au premier tour (et d'une majorité simple en cas de second tour) du conseil pour rester à la tête de VW. Or, une grande partie des délégués du personnel, réunis autour du syndicaliste Jürgen Peters et échaudés par l'annonce, en février, d'un nouveau plan draconien de restructuration incluant la suppression, en trois ans, de 20 000 postes dans les usines ouest-allemandes, semblait s'opposer à la reconduction de Bernd Pischetsrieder à son poste. Pour obtenir le quitus des représentants des salariés, celui-ci a dû faire certaines concessions. Le 2 mai au soir, le comité d'entreprise annonçait la signature d'un accord de garantie de l'emploi et des sites de production.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin