C'est un lieu commun de dire que notre rapport au temps a radicalement changé depuis quelques générations. A côté de nos grands-parents, qui travaillaient tout le temps mais prenaient cependant leur temps, nous sommes aujourd'hui, indépendamment même de différences individuelles, une génération de personnes toujours pressées et dont les temps de loisirs n'ont pourtant jamais été aussi longs. Pour comprendre ce paradoxe, pour comprendre comment l'histoire du temps, du rapport au temps, s'articule à celle de la production moderne des biens et des services ; pour comprendre ce fameux sentiment « d'urgence » qui accélère sans cesse nos vies, onze chercheurs du Groupe de recherche en communication des organisations (GREC/O) de l'université Michel-Montaigne Bordeaux-III, travaillant depuis quinze ans sur les interactions entre phénomènes communicationnels et organisationnels, proposent aujourd'hui des pistes de réflexion. Quels sont les enjeux et les contradictions de l'extraordinaire mouvement d'accélération de l'histoire et des consciences ? Comment peut-on concilier la culture de l'éphémère et l'obsession du projet et de l'anticipation ? Comment conjuguer flexibilité à tous les niveaux et sens des responsabilités ? Quels sont les impacts de l'accélération temporelle sur la communication ? Comment contenir les méfaits de l'urgence dans les organisations, notamment ? Autant de questions auxquelles cette équipe apporte des réponses croisées fondées sur l'interdisciplinarité entre le domaine de la communication et celui de l'organisation. P. R.