Quels chiffres retenir pour l'emploi salarié en France, au premier trimestre ? Si l'Unedic annonce le plus haut score, avec 48 300 postes créés, soit une progression de 0,3 %, l'Insee, en revanche, retient le résultat le plus bas, avec 15 300 emplois (+0,1 %). Entre les deux, le bilan de l'Acoss (Agence centrale des organismes de sécurité sociale), qui s'appuie sur la collecte des cotisations de la Sécurité sociale, s'établit à 35 000 (+0,2 %).

Les champs couverts sont, en fait, différents : l'Acoss prend en compte dans son calcul les PMI de moins de 10 salariés et les grandes entreprises nationales (EDF, La Poste, SNCF...). L'Unedic inclut le secteur de la santé et de l'action sociale et certains personnels de l'éducation et des associations, tandis que l'Insee ne couvre pas les secteurs de l'agriculture, de l'administration, de l'éducation, de la santé et de l'action sociale.

Optimiste, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Emploi, n'a retenu que le chiffre le plus élevé. Citant l'Unedic, il a déclaré que « ces chiffres prouvent de manière incontestable la vitalité et la réalité de la création d'emploi en France ces derniers mois ». S'il relie ces résultats au plan de cohésion sociale, aux mesures du plan d'urgence pour l'emploi et à l'accompagnement des chômeurs, la relation de cause à effet est, toutefois, difficile à établir. Les services à la personne, si chers à Jean-Louis Borloo, ainsi que les CNE ne sont pas répertoriés dans le bilan du régime d'assurance chômage.

Reste, toutefois, une amélioration sur le front de l'emploi. « La reprise se confirme, indique Jean-Pierre Revoil, directeur général de l'Unedic ; 93 000 emplois ont été créés sur les six derniers mois. Il faut remonter à la fin de l'année 2001 pour observer de tels résultats. » Par secteurs, la construction affiche de belles performances, tout comme le tertiaire. L'industrie continue son recul (-0,5 %), mais cette diminution est néanmoins une des plus faibles depuis le quatrième trimestre 2001.

Cette amélioration aurat-elle un impact sur les comptes de l'Unedic ? Si le déficit reste important (-13,7 milliards d'euros), il devrait se résorber progressivement pour passer, selon les prévisions, à 5 milliards d'euros en 2008. Ce n'est qu'en 2010 que les comptes devraient atteindre l'équilibre.

Pas question donc de rembourser avant cette date la créance de 1,2 milliard d'euros versée, en 2002, par l'Etat pour combler la mauvaise santé financière de l'Unedic. Le sujet avait pourtant été abordé au plus haut niveau de l'Etat pour le projet de budget 2007. Mais, prudent, le régime d'assurance chômage ne souhaite pas s'acquitter de sa dette sur le champ. L'objectif étant de se constituer une réserve de 6 millions d'euros (un trimestre de dépenses) avant de toucher les paramètres d'indemnisation et de cotisation.