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« Un ordre professionnel ? Pourquoi pas ? »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 27.06.2006 | L. G.

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« Un ordre professionnel ? Pourquoi pas ? »

Crédit photo L. G.

E & C : Quel bilan faites-vous des 20 ans du BC ?

F. D. : Le bilan de compétences est un outil fabuleux, et 20 ans, c'est un événement en soi. Son institutionnalisation et sa professionnalisation sont en construction. La FNCIBC a déjà fait un gros travail de réflexion sur les outils nouveaux, la dimension psychologique, l'articulation européenne...

E & C : Pourtant, le BC est parfois encore perçu comme un signe d'échec.

F. D. : Oui, beaucoup de BC sont cachés par les salariés à leur employeur, car perçus comme un signe de fragilité. Il faut absolument casser cette idée ! Se remettre en cause est signe de bonne santé. Faisons un parallèle avec la médecine : on aura toujours besoin d'urgentistes, mais la médecine doit devenir de plus en plus préventive. C'est pour cela qu'il faut vendre l'idée qu'il faut faire plusieurs BC dans sa vie, et surtout en garder la mémoire.

E & C : Comment mieux promouvoir cet outil ?

F. D. : En le prenant vraiment au sérieux. Or, je vois trois sources de faiblesses. D'abord, son portage politique est déficitaire. Le discours des pouvoirs publics est trop généraliste, et celui des techniciens trop... technicien. Il y a contradiction entre des discours doubles ou triples des pouvoirs publics et les attentes de la rue. Entre l'affichage de principes très optimistes et des politiques quotidiennes parfois régressives, il y a un monde.

Ensuite, le bilan de compétences pâtit d'un déficit de recherche sociologique universitaire fondamentale sur son bilan et ses effets. Les prestataires de BC ont-ils jamais mesuré les effets de leurs actions ? Jusqu'où les prestataires ont-ils une vision fine de l'emploi, du contexte d'employabilité, de la réalité économique ?

Enfin, le BC n'envisage pas assez la personne dans sa totalité. Les problèmes de santé et de vieillissement à venir, la situation financière réelle de la personne, et sa trajectoire professionnelle et personnelle ne sont pas assez pris en compte.

E & C : La professionnalisation des conseillers de bilan est-elle un point de faiblesse ?

F. D. : Les chartes de qualité, les engagements déontologiques, les labellisations... Tout est bon. Il faut éviter la marchandisation du bilan et réguler le mouvement de création de prestataires. Dans cette logique, l'interinstitutionnalisation est une bonne chose, mais il faut lui garder de la souplesse, et l'ouvrir à d'autres réseaux : associations, collectivités territoriales, partis politiques...

Faut-il aller vers une sorte d'ordre professionnel ? Pourquoi pas ?

(*) Egalement directeur du master professionnel de conseil en développement des compétences et en valorisation des acquis.

Auteur

  • L. G.