Que faire face à un salarié qui boit pendant son travail ? Délicate question à laquelle s'est attelée la ville de Domérat, une municipalité de l'Allier de 130 agents. « Depuis des années, notamment dans les services techniques chargés des travaux d'entretien, certains agents avaient l'habitude de consommer de l'alcool pendant la journée. Et, comme la hiérarchie était démunie pour gérer ce problème, tout le monde se taisait face à cette situation », explique Françoise Tardif, DRH de la ville. D'où, parfois, certains problèmes relationnels mais, surtout, des risques potentiels d'accidents pour ces agents conduisant des véhicules ou maniant des outils dangereux.

En 2004, sous l'impulsion du maire, la municipalité décide de réagir. Et inscrit la prévention des risques alcool au programme de sa politique d'hygiène et de sécurité, en concertation avec les membres de la direction, du CHSCT et la médecine du travail. Avec l'aide de la direction régionale de l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) en Auvergne, la DRH organise des réunions obligatoires pour tous les agents afin de les informer sur les mécanismes de dépendance et les effets de l'alcool sur la santé.

Devant la forte adhésion du personnel (sondés par questionnaire à l'issue de ces réunions, 86 % des agents expriment le souhait d'aller plus loin dans la prévention de ces risques), la Ville décide de créer, fin 2004, un groupe de travail interne chargé de piloter des actions de prévention, sur la base du volontariat. Vingt et un agents, élus, cadres et employés de différents services y adhèrent.

Formé et accompagné par l'Anpaa, ce groupe de travail privilégie les actions de communication et le dialogue. « Notre rôle n'est ni de dénoncer, ni de sanctionner. Nous sommes là pour informer, écouter et orienter les agents qui le souhaitent », souligne Marcel Perrin, membre du groupe de travail et du comité d'hygiène et de sécurité de la municipalité.

Fin 2005, ce groupe a organisé une journée de sensibilisation ainsi que des conférences sur les risques médicaux et sociaux liés à l'alcool. Et installé des distributeurs de jus de fruits dans les ateliers techniques, histoire d'encourager d'autres modes de consommation. « Les comportements commencent à changer. Mais c'est un travail de longue haleine », observe Marcel Perrin.

Côté DRH, la Ville de Domérat projette, à moyen terme, de former l'encadrement à mieux gérer des situations d'alcool au travail. Et pour asseoir l'autorité hiérarchique, la mairie s'est également dotée, en début d'année, d'un règlement intérieur spécifique, prévoyant, notamment, le recours à un avis médical avec arrêt du travail pour les agents en état d'ébriété occupant un poste réputé dangereux.