logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Un bilan très satisfaisant pour le dispositif Arrmel

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 27.06.2006 | T. B.

En 2003, une avalanche de redressements judiciaires et de liquidations déferle sur la métropole lilloise. Celle-ci réagit en mettant sur pied un dispositif d'accompagnement social individualisé pour les salariés licenciés, baptisé Arrmel.

En ce printemps 2003, des nuages noirs s'amoncellent sur la tête des salariés de l'arrondissement de Lille. Le textile continue de payer un lourd tribut à la délocalisation, mais ce n'est plus le seul secteur à souffrir : si la liquidation de la Filature Saint-Lievin (550 licenciements) a marqué les esprits, d'autres industries souffrent également, comme en témoignent la fermeture de SIE (175 licenciements) et celle de Coventri (166 licenciements). Comme la trésorerie manque pour mettre en place des plans sociaux, syndicats et salariés licenciés en appellent aux pouvoirs publics. La réponse ira au-delà de leurs attentes.

Faire coopérer tous les intervenants

Mis en oeuvre à partir de juin 2003 dans un cadre expérimental, puis étendu sur les trois années suivantes par décision du Comité interministériel de l'aménagement et du développement du territoire (CIADT), le dispositif Arrmel (pour appui, reconversion, reclassement dans la métropole lilloise) se proposait de dépasser les frontières institutionnelles pour faire coopérer l'ensemble des intervenants habituels. Objectif : accompagner individuellement pendant dix-huit mois tous les salariés licenciés d'entreprises de plus de 50 personnes, qui auraient dû bénéficier d'un plan de sauvegarde pour l'emploi. Ce que propose de faire, mais sur huit mois, la convention de reclassement (CRP), depuis l'année dernière. L'aspect novateur d'Arrmel s'explique par l'expérience déjà acquise localement par les services de l'Etat dans le cadre du Plan régional textile-habillement (PRTH), qui prévoyait, dès 2000, des mesures sociales au bénéfice du seul secteur textile.

Volontariat

Conduit par la Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation (DDTEFP), Arrmel mobilise l'ANPE, les Assedic, le Fonds social européen (FSE), l'Afpa, des organismes paritaires agréés pour la formation professionnelle (Opca), les syndicats, le conseil régional et le conseil général, avec un souci de coordination des moyens. Et la ferme volonté de « capter les gens, en particulier ceux qui sont dans une situation de détresse sociale, les premiers à avoir besoin d'accompagnement », rappelle Jacques Novaczik, directeur du travail, qui pilote le dispositif au sein de la DDTEFP. Car, depuis sa création, Arrmel repose sur le volontariat. Pour que les plus démunis ne passent pas à côté d'une telle opportunité, Arrmel a créé un poste de «référent social», qui offre une assistance personnalisée aux situations nécessitant un appui social (environ 150 personnes par an).

Construit dans un souci d'efficacité maximale, le dispositif commence par une réunion d'information collective des salariés licenciés, où ils sont invités à bénéficier d'un diagnostic individuel effectué par l'ANPE. Véritable aiguillage professionnel, ce diagnostic permet de bâtir leur projet professionnel et de définir un parcours de réinsertion dont les financeurs auront la charge.

Travail en réseau

L'efficacité de la prise en charge de ces besoins (formations, mise en oeuvre de VAE, recours aux cellules de reclassement...) constitue la principale originalité du dispositif. « Il existe au sein d'Arrmel un comité de lancement chargé de trouver les moyens de subvenir aux besoins décelés par le diagnostic, détaille Jacques Novaczik. Chaque mois, on se met autour d'une table pour trouver les solutions. Et on les trouve. » Ce travail en réseau a ainsi permis de financer plus de mille parcours de formation et d'afficher un bilan satisfaisant. Fin avril 2006, le taux effectif de retour à l'emploi des personnes encore dans le dispositif était de plus de 65 % (dont un tiers en CDI et en CDD de plus de six mois) sur un effectif de 355 adhérents, alors que la moyenne d'âge atteint 44 ans.

Comme prévu, Arrmel sera dissous à la fin de l'année. Mais la mission et la méthode devraient être reprises par la future Maison de l'emploi, qui ouvrira ses portes à Roubaix en novembre prochain.

Des taux de reclassement records

En dix-huit mois, de juin 2003 à octobre 2004, près de 1 700 salariés licenciés de 50 sociétés liquidées avaient bénéficié d'Arrmel, dont le taux de solutions de reclassement (emploi, formation et création d'entreprise) frisait déjà les 50 %. Un an plus tard, il était de 80 %, et atteignait 93 % en avril 2006. A la fin novembre 2005, elles étaient 2 296 personnes à être passées par le dispositif (sur 3 732 pouvant y prétendre), issues principalement du textile (45 %), de la métallurgie (15 %) et de la papeterie-imprimerie (12 %). Il s'agissait essentiellement d'hommes (73 %) de faible niveau de qualification (70 % d'ouvriers). Parmi eux, 1 087 avaient retrouvé un emploi, dont 543 en CDI (soit la moitié des reclassements) ; 168 en CDD de plus de six mois (15 %) ; 115 en CDD de moins de six mois (10 %) et 261 en intérim (24 %). Les personnes restantes ont soit créé leur entreprise (8 %) ou suivent une formation (89 %).

Sur les 66 cellules de reclassement mises sur pied, concernant 60 entreprises, 23 étaient encore en cours. Parmi les 1 436 ayant choisi de ne pas adhérer au dispositif, 315 avaient retrouvé un emploi (22 %) ; 367 bénéficiaient de mesures de préretraite (25 %) et 95 étaient en congé maladie ou maternité (6 %).

Auteur

  • T. B.