Encore un effort ! Début 2006, les directeurs d'établissement de Médica France se sont vu préciser par mail la politique de la société en faveur de l'intégration de salariés handicapés. Un petit rappel à l'ordre qu'à ce jour, la DRH n'a jamais eu besoin d'appliquer à l'intégration des seniors. « Inutile, précise Isabelle Moinot, responsable emploi et recrutement. A tous les niveaux de la société, nous savons que Médica France a besoin des seniors. Ils sont un gage de stabilité, de sérieux, de bonne compréhension des attentes de la personne âgée : leur présence donne un équilibre à nos structures et rassure familles et résidants. Nous les intégrons spontanément. »

Situation rêvée pour la DRH, à qui il suffit de quelques initiatives ponctuelles pour alimenter cet état d'esprit : en 2003, c'est à une directrice d'établissement de 53 ans qu'elle confie le poste nouvellement créé de directeur d'appui. Missions : conseil auprès de ses collègues en poste et remplacements provisoires. Deux ans plus tard, un groupe de travail est réuni dans le but de définir les axes prioritaires d'une formation spécifique au management d'un Ehpad. Sur les 15 directeurs sélectionnés, 5 ont plus de 51 ans.

Traduction dans la gestion quotidienne : côté recrutement, on évite d'être frileux. « Je reçois régulièrement des salariés en fin de carrière, témoigne Isabelle Moinot, qui gère au niveau du siège le recrutement des directeurs d'établissement. Nous sommes toujours intéressés par les profils expérimentés, y compris lorsqu'il s'agit d'une reconversion. » Autonomes dans le recrutement de leurs équipes, lesdits directeurs semblent lui emboîter le pas : sur les 745 salariés de plus de 51 ans que compte le groupe, 61 % ont été embauchés depuis janvier 2000.

Côté formation, Médica revendique la même absence de discrimination. En 2005, les plus de 51 ans ont suivi plus de 650 formations dispensées par l'Institut des bonnes pratiques, un organisme propre à l'entreprise. Obligatoires ou optionnelles, elles traitent de la prévention de la maltraitance ou de la gestion de la fin de vie.

Elargissant les perspectives de carrière, la formation diplômante est également un axe fort de fidélisation et de maintien dans l'emploi des équipes soignantes. Depuis la signature de l'accord-cadre prévoyant l'obtention du diplôme professionnel d'aide-soignant (DPAS) par la VAE, en mai 2005, 63 auxiliaires de vie ont engagé une démarche de validation. Douze d'entre elles ont plus de 50 ans. Actuellement, une infirmière cadre de 52 ans fait également partie d'une première promotion de 16 stagiaires préparant le diplôme universitaire de sciences humaines appliquées à la gérontologie (DUSH) créé en partenariat avec l'université Paris-12. Son obtention lui permettra de faire partie du vivier des futurs directeurs.

Sur le terrain, quels résultats ? Avec un directeur de plus de 51 ans à la tête d'un tiers des structures et une moyenne d'âge de près de 45 ans pour le personnel soignant, la société peut s'appuyer sur des salariés expérimentés. Ce sont les juniors qui y gagnent ensuite. « Dans nos métiers, le manque d'expérience peut être un véritable frein, précise Eric Cordebeuf, délégué CGT. Même très compétents sur le plan technique, les jeunes qui sortent de l'école ne sont pas préparés à ce qu'ils vont vivre sur le terrain. » Chez Médica, la mixité des équipes est une réalité : les 15 % de salariés de plus de 51 ans encadrent les 13 % de moins de 25 ans.

> Activité : prise en charge de la dépendance pérenne ou temporaire.

> Effectifs : 4 300 salariés.

> Chiffre d'affaires : 270 millions d'euros en 2005.

> Implantation : réseau de 105 établissements composé à 75 % d'établissements d'hébergement de la personne âgée dépendante (Ehpad) et à 25 % d'établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR).