Le «capital social» fait aujourd'hui l'objet de nombreuses publications de sociologie. Mais que recouvre exactement cette notion ? Si elle renvoie toujours aux relations sociales que l'individu peut mobiliser pour faire son chemin dans la vie, le «capital social» est décliné dans tant de variantes qu'il semble difficile d'en donner une définition consensuelle.

Sophie Ponthieux, économiste, chargée d'études à l'Insee, tente d'apporter un peu de rigueur dans les multiples utilisations d'une notion séduisante, car parlant immédiatement à l'intuition, mais qui demeure généralement assez floue. Son objectif est d'examiner le cheminement par lequel le concept, au départ élaboré pour faire le lien entre les individus et le contexte social dans lequel ils agissent, est devenu cet objet à tout faire que suggèrent ses multiples usages actuels.

Né en Amérique, le concept a notamment été repris en France par Bourdieu et la sociologie des réseaux. Après avoir situé la manière dont les différentes approches se réfèrent les unes aux autres, l'auteure identifie les grandes lignes des clivages conceptuels selon la priorité donnée aux relations, aux ressources et à leur nature et, enfin, à leur usage. Au passage, on découvrira les sens différents pris par le mot «capital», selon que l'on se place au niveau de l'individu, du groupe ou de la société.

L'auteure examine, ensuite, les enrichissements successifs de la notion jusqu'à son utilisation par la Banque mondiale, et décortique les raisons de ce succès conceptuel. Enfin, elle passe en revue son insertion dans les politiques publiques et tente d'en montrer corrélativement les limites.

Sophie Ponthieux, économiste, est chargée d'étude à l'Insee, au sein de la division «conditions de vie des ménages».