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Enquête

Les atouts syndicaux

Enquête | publié le : 07.11.2006 | Cyprien Chetaille, à Bruxelles

Les syndicats belges mettent en avant leur efficacité à verser leurs indemnités aux chômeurs et à défendre les salariés afin de capter de nouveaux adhérents.

C'est un paradoxe avec lequel les syndicats belges ont appris à composer : ils se battent naturellement pour le plein emploi, mais un grand nombre d'adhérents proviennent du fort chômage qui sévit outre-Quiévrain - notamment en Wallonie ou dans la région bruxelloise. En effet, depuis «l'accord de solidarité sociale» élaboré en 1944, les confédérations belges gèrent et versent les allocations chômage à leurs affiliés.

Les demandeurs d'emploi peuvent certes se tourner vers une caisse publique pour toucher leurs indemnités. Mais cette dernière, comme beaucoup de services publics belges, n'a pas une réputation d'efficacité et de rapidité. Alors que les syndicats, eux, ne manquent pas une occasion de vanter leurs systèmes. Ainsi, la Confédération syndicale chrétienne (CSC) met en avant sa capacité à verser des avances aux chômeurs. Et elle souligne qu'elle a investi à grands frais dans un système informatique de gestion performant. En outre, une cotisation «chômeur» coûte 9 euros à la CSC, contre 14 euros pour un salarié en poste. La centrale n'imputant pas la part destinée à la négociation et à la formation des cadres syndicaux, activités dont les chômeurs ne profitent pas. Cela «paye» : la centrale chrétienne revendique la gestion de la moitié des 600 000 chômeurs belges - et donc autant de cotisants. « Il est vrai que nous détenons, avec cette gestion de l'assurance chômage, un puissant facteur de syndicalisation », reconnaît un responsable de la Fédération générale des travailleurs belges, socialiste et francophone.

Représentation juridique des salariés

Autre rôle des syndicats belges auprès de leurs affiliés : leur défense devant les tribunaux du travail - l'équivalent de nos prud'hommes. Les délégués syndicaux peuvent représenter en justice les salariés et les défendre au même titre qu'un avocat. Du coup, la CSC est forte de 150 personnes spécialisées en droit du travail et elle analyse de très près la jurisprudence dans ce domaine.

Paul Palsterman, responsable du service juridique de la CSC, pense que ces deux «services» façonnent efficacement le syndicalisme belge : « Ces droits, ceux de gérer les fonds publics de l'assurance chômage et de défendre les salariés, nous permettent de conserver le contact avec le terrain. Nous ne sommes pas présents uniquement dans les grandes entreprises, nous sommes amenés à oeuvrer beaucoup pour et avec les salariés issus de PME, là où la seule protection, c'est le Code du travail. Ainsi, il me semble que nous sommes davantage conscients de la réalité et des évolutions du monde du travail que, par exemple, nos collègues français. »

Auteur

  • Cyprien Chetaille, à Bruxelles