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40% des Français se disent victimes de discrimination

L'actualité | L'événement | publié le : 07.11.2006 | Laurent Gérard

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40% des Français se disent victimes de discrimination

Crédit photo Laurent Gérard

Deux études sondages (Kelly et Monster) convergent pour affirmer que 40 % des Français jugent avoir été victimes de discrimination à l'embauche au cours des cinq dernières années. Et 51 % des Français estiment que leur entreprise pratique la discrimination.

Près de 97 % des salariés trouvent enrichissant de travailler avec des personnes différentes ; et 96 % d'entre eux estiment que la variété des profils est un atout pour l'entreprise. Mais... la semaine dernière, Kelly Services, 5e réseau international de travail temporaire, a publié les résultats d'une enquête (1), réalisée dans 28 pays, sur la discrimination à l'embauche et sur le lieu de travail.

Trois formes de discriminations ont été étudiées : l'âge, le sexe et l'origine ethnique. La semaine précédente, Monster, gestionnaire de carrières en ligne, publiait également une étude sur la même thématique (2). Les conclusions convergent : la discrimination se porte bien.

Selon l'enquête Kelly, 40 % des Français interrogés déclarent avoir été victimes de discrimination, quel qu'en soit le motif, en postulant à un emploi au cours des cinq dernières années.

L'âge, premier motif...

Les principaux motifs de discrimination dénoncés sont l'âge (cité par 13,4 % des répondants), le sexe (5,8 %), l'origine ethnique (4,7 %) et le handicap (1,9 %). Il faut ajouter à ces quatre catégories de discrimination un effet dû au niveau de qualification. Ainsi, 46,8 % des personnes sans qualification ou d'un niveau inférieur au niveau universitaire témoignent de discriminations. Ce taux n'est, en revanche, que de 34,5 % pour les personnes déclarant avoir atteint un niveau universitaire.

... avec le handicap

Le sondage Monster, lui, met en avant un autre ordre des facteurs de discrimination, mais retient les mêmes. D'abord, le handicap physique, suivi de très près par le fait d'être un senior, la couleur de peau, puis l'origine ethnique. Les caractéristiques moins directement visibles, comme l'orientation sexuelle ou la religion, sont jugées moins discriminantes.

Concernant l'âge, la discrimination est, selon l'enquête Kelly, davantage ressentie par les jeunes - moins expérimentés (les moins de 20 ans sont 58,6 % à se déclarer victimes) - et les plus âgés : 50,3 % des 45/54 ans se déclarent victimes, et 60 % des 55 ans et plus. Ils ne sont cependant que 25 %, parmi la tranche d'âge des plus de 45 ans, à attribuer cette discrimination à l'âge.

Les services publics en cause

Concernant les secteurs d'activité, l'étude Kelly affirme que c'est dans le service public et dans l'éducation qu'il semble y avoir le plus de discriminations à l'embauche : respectivement 58,8 % et 54,1 % de personnes ayant postulé dans ces deux secteurs estiment les avoir subies. La faiblesse du nombre de répondants sur ces deux secteurs (85 et 183) doit toutefois inciter à la prudence. A l'inverse, les services aux entreprises seraient les moins discriminants (29,6 %).

Secteurs discriminants

Cette structuration sectorielle ressort dans le sondage Monster. Les services publics (59 %), l'industrie (58 %) et la banque-assurance y sont jugés comme des secteurs discriminants ; alors que le marketing-publicité (70 % d'avis positifs), le tourisme-restauration-transports (67 %) et les services aux entreprises (67 %) y sont vus comme les secteurs les plus ouverts.

Concernant les métiers, les plus discriminants, selon l'étude Kelly, seraient ceux des centres d'appels/services clients (54,2 %), ceux du milieu législatif (50 %), de la sécurité (47,2 %), de l'administration/tertiaire (43,8 %)... Les métiers de l'éducation sont très largement ceux désignés comme les moins porteurs de discriminations (15,3 %). Une réponse qui laisse perplexe compte tenu de la question précédente sur les secteurs d'activité les plus discriminants à l'embauche.

Après l'embauche

Les discriminations ne s'arrêtent pas à la phase de recrutement, elles continuent dans l'entreprise, mais moins fortement, semble-t-il, puisque 34,5 % des répondants au questionnaire Kelly en font part. La structure des réponses est la même que pour les discriminations à l'embauche : l'âge, puis le sexe, puis la race et, enfin, le handicap, mais en baisse partout. Il en est de même sur les secteurs d'activité et les métiers.

On note également un net renforcement de l'influence du niveau de qualification sur le sentiment ou le constat réel de discrimination sur le lieu de travail. Ainsi, 28,2 % des personnes ayant un niveau universitaire affirment avoir été confrontées à des discriminations sur leur lieu de travail au cours des cinq dernières années, contre 41,6 % des répondants qui ont un niveau infra-universitaire !

Peu d'actions en justice

Contre ces discriminations, 4 % des personnes interrogées et discriminées ont intenté une action formelle de type plainte écrite ; 21 % ont eu recours à une action informelle de type plainte orale ; et 71 % n'ont entamé aucune action ; 6 % des personnes ont quitté leur emploi suite à ce problème ; 6 % sont parvenues à le régler, et il reste non résolu pour 36 % des personnes interrogées.

(1) Enquête Kelly par Internet. 70 000 répondants, dont 7 373 Français.

(2) Etude Monster par Internet, entre le 10 juillet et le 5 septembre 2006 ; 1 349 réponses.

Des politiques attendues

- Selon l'étude Monster, 38 % des Français pensent que leur entreprise n'est pas ouverte à la diversité sociale ; 44 % d'entre eux ne sont pas satisfaits de la politique de leur entreprise en la matière, et 51 % estiment que leur entreprise pratique la discrimination à l'embauche.

- Conséquence : 61 % des salariés s'accordent à dire que les personnes issues de la diversité sont sous-représentées dans les postes à responsabilité au sein de leur entreprise.

- Cet avis pessimiste n'est pas tempéré par un espoir de lendemains qui chantent. En effet, un sentiment d'immobilisme domine les salariés interrogés : 48 % jugent la situation stable ; 25 % qu'elle se détériore ; seuls 27 % notent une amélioration.

- Certes, il y a un effet d'âge évident : une fois embauchés, les jeunes de 18-24 ans ressentent le moins la discrimination dans leur entreprise. Mais, les 35-49 ans et les plus de 50 ans (à 85 %) mettent davantage en avant la nécessité de dispositifs visant à favoriser la diversité sociale.

Hongkong et la Norvège montrent l'exemple

Tous types de discriminations confondus, la France serait, selon l'étude Kelly, l'un des pays où la discrimination sur le lieu de travail est la moins ressentie, plaçant ainsi le pays à la 20e place sur 28 pays enquêtés, et ce, malgré un taux de réponse négative de 34,5 %.

Il faut dire qu'à l'inverse, la Thaïlande est, de loin, en tête du classement, avec 75 % des personnes se déclarant discriminées.

L'Inde, Singapour et la Hongrie arrivent ensuite avec 53 %. Suivent l'Espagne, la Turquie avec 49 %.

Hongkong (26 %), la Norvège et le Luxembourg (28 %) sont les moins mauvais élèves.

Auteur

  • Laurent Gérard