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Enquête

Une méthode qui assure

Enquête | publié le : 12.12.2006 | E. F.

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Une méthode qui assure

Crédit photo E. F.

Après plusieurs mois de réflexion, Axa a arrêté son choix sur les critères qui lui semblent les plus pertinents pour mesurer la proportion de minorités visibles parmi ses commerciaux. Résultat : 23 %, à partir du critère de la nationalité.

De l'enquête sur les discriminations qu'Axa a fait mener par Ipsos, en juillet dernier, auprès de 600 commerciaux recrutés en 2004, 2005 et 2006, il ressort deux enseignements principaux. D'une part, cette enquête valide le CV anonyme, selon l'assureur (lire l'encadré p.27). D'autre part, elle fait apparaître que « 23 % des commerciaux appartiennent, à des degrés divers, à des minorités visibles, du fait de leur nationalité étrangère, ou de celle d'un de leurs parents, ou du fait d'une nationalité française acquise », explique Antoinette Prost, en charge des études et du développement durable à la direction des ressources humaines.

Mesure appropriée

C'est seulement après plusieurs mois de réflexion qu'Axa a fait son choix sur la mesure la plus appropriée de l'origine des salariés, qu'Ipsos, a ensuite, mise en application. L'assureur a finalement opté pour une identification des origines par la nationalité des salariés et celle de leurs parents. « Si l'on doit établir des critères, et si l'on veut qu'ils soient exploitables dans le temps, ils doivent être objectifs », explique Antoinette Prost. Pour cette raison, Axa a exclu de recourir aux études patronymiques, « qui laissent nécessairement une part d'approximation ».

Axa a ensuite profité d'une enquête menée par l'Institut national des études démographiques (Ined) auprès d'une centaine de ses salariés, ainsi que dans six autres entreprises, entre novembre 2005 et mars 2006 (lire Entreprise & Carrières n° 818), pour affiner ses critères d'identification des origines.

Réalisée à la demande du ministère de la Promotion de l'égalité des chances, l'enquête de l'Ined a, en effet, testé trois outils de classification par les origines. L'Institut a demandé aux salariés de donner le pays de naissance et la nationalité de leurs parents et grands-parents ; de dire s'ils s'estiment originaires d'Afrique, du Maghreb... ; et de déclarer s'ils se considèrent «blancs», «noirs», «berbères»...

Point de méthode

La catégorisation ethno-raciale est, de toutes les manières, interdite en France, mais « l'enquête de l'Ined a permis de trancher un point de méthode », explique Antoinette Prost. Ce type de catégorisation peut, en effet, être mal ressenti. « Les résultats de l'enquête montrent que les «Maghrébins» l'acceptent mal », déclare-t-elle.

De même, l'autodéclaration par zones géographiques n'a pas paru «performante» à Axa. « La nationalité était le critère à la fois le mieux accepté, le plus performant, et le seul que nous avons le droit d'utiliser aujourd'hui », indique Antoinette Prost.

Il restait, ensuite, à savoir s'il convenait de demander aux salariés de déclarer la nationalité de leurs ascendants jusqu'aux grands-parents ou seulement jusqu'aux parents. Axa choisit de s'arrêter aux parents. « On perd un peu en précision, mais on risque moins de rendre le questionnaire fastidieux pour les répondants. » De fait, l'enquête menée par Ipsos a intéressé, puisque 64 % des commerciaux sollicités (et informés des objectifs de la démarche, comme les syndicats) ont répondu.

Maintenant qu'Axa dispose de la proportion de minorités visibles parmi ses commerciaux, et d'une méthode reproductible, il reste à savoir ce qu'il va en faire. « Nous ne nous inscrivons pas dans une logique d'étude systématique de la diversité », assure Antoinette Prost.

Le CV anonyme, toujours pas évalué

Le second enseignement de l'enquête Ipsos menée auprès des commerciaux d'Axa est que 83 % de ceux qui connaissent le CV anonyme y sont favorables. Depuis janvier 2005, les CV des commerciaux postulant sur le site d'Axa sont anonymisés. Sur les quelque 500 commerciaux que l'assureur recrute chaque année, environ un quart le sont par ce moyen. Un outil d'objectivation du traitement des CV, dont l'assureur est à la fois l'inventeur, le promoteur et le premier utilisateur. « Le résultat de l'enquête nous conforte dans notre approche fondée sur l'égalité des chances », explique Antoinette Prost, en charge des études et du développement durable à la direction des ressources humaines.

Pour autant, l'enquête Ipsos ne montre pas si le CV anonyme permet effectivement un traitement plus équitable des candidatures. Pour le savoir, une possibilité est de comparer la proportion de minorités visibles parmi les commerciaux avant et après la mise en place du CV anonyme. « Mais alors, il aurait fallu recenser tous les candidats recrutés par CV anonyme, y compris ceux qui, depuis 2005, ont quitté l'entreprise », objecte Antoinette Prost.

Une autre méthode consiste à comparer la proportion actuelle de minorités visibles recrutées par CV anonyme et par la voie classique. « Mais, étant donné que l'annonce de la mise en place du CV anonyme a probablement augmenté le flux de candidatures de minorités visibles, cela fausse la comparaison », explique Antoinette Prost.

axa

> Effectifs France : 16 000 salariés.

> Chiffre d'affaires France 2005 : 19,8 milliards d'euros.

> Résultat opérationnel France : 709 millions d'euros.

Auteur

  • E. F.