On l'a vu à l'occasion des manifestations anti-CPE, les jeunes ont un pouvoir d'action extraordinaire. Plus facilement mobilisables que leurs aînés, ils ont souvent fait et défait les gouvernements. Leur drame, selon Bernard Spitz, c'est qu'ils ne se sont jamais servi de ce pouvoir pour mener les vrais combats dont leur avenir dépend.

Le scénario était pourtant écrit d'avance dans les données démographiques : d'un côté, davantage de personnes âgées vivant plus longtemps, dépensant toujours plus pour leur santé ; de l'autre, une population active moins nombreuse, en charge d'équilibrer le système.

Au lieu d'adopter la plus grande prudence en termes de départs à la retraite pour ne pas amplifier le choc démographique, de responsabiliser les acteurs en termes de dépenses de santé, de fluidifier le marché du travail, d'investir dans l'éducation, l'Etat a fait l'exact contraire. Ainsi, les jeunes sont frappés du plus fort taux de chômage des moins de 25 ans des pays industrialisés comparables. Si l'on continue ainsi, ils paieront également le remboursement d'une dette abyssale, le recul de la qualité de leur formation supérieure, des cotisations sociales et des prélèvements supérieurs à ceux de leurs aînés...

Le risque étant que l'égoïsme des uns entretienne l'inconscience des autres et provoque l'éclatement de notre contrat social dans un choc frontal entre générations. Le temps est donc venu de comprendre et d'agir.

t Bernard Spitz, maître des requêtes au Conseil d'Etat, maître de conférences en économie des médias à l'université de Paris-1, est également le fondateur et président de BSConseil.