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Petit manuel de changement

Demain | Chronique | publié le : 06.02.2007 | De meryem Le Saget

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Petit manuel de changement

Crédit photo De meryem Le Saget

En dépit de nos croyances bien ancrées, un changement ne se fait jamais en un instant. En électricité, il suffit de tourner l'interrupteur de la position 0 à la position 1 pour que la lumière inonde la pièce. Mais, en matière de changement, cette métaphore du «switch» est la plus belle illusion qui soit. C'est comme penser qu'une personne a digéré le steak-frites qu'elle vient d'avaler puisqu'il n'est plus dans son assiette. En fait, tout changement d'une certaine importance déclenche une transition. Ce mot traduit le processus à travers lequel passent les personnes pour s'adapter au changement. Contrairement aux idées reçues, ce chemin est identique pour tout le monde, même si chacun le parcourt à son rythme. Il comporte trois phases : d'abord une fin, puis une zone neutre et, enfin, un nouveau départ. Commencer par une fin ? Voilà qui est surprenant, mais c'est pourtant ce qui se passe.

Effectivement, lorsqu'un événement nous arrive, nous croyons spontanément qu'il va transformer les choses : changement de job, nouveau rattachement hiérarchique, déménagement familial, mariage, changement d'entreprise ou de pays, nous attendons une nouvelle donne. Mais, au début, nous faisons plutôt l'expérience d'une certaine désorientation, accompagnée d'une perte de repères. Nous sommes davantage perturbés par ce qui disparaît qu'enthousiasmés par ce que nous sommes censés gagner. Le temps pour chacun de tourner une page et d'accepter la nouvelle situation... avec toutes ses conséquences.

On entre alors dans la deuxième phase, la zone neutre. C'est une étape intermédiaire entre deux mondes : celui d'hier, que l'on a quitté, et celui de demain, qui n'est pas encore stabilisé. Pas de chance, les nouveaux repères ne sont jamais donnés avec la nouvelle situation. Il faut les découvrir, les chercher, les faire émerger, les mettre en place. On se sent impuissant, pas du tout «au contrôle», et dans le monde d'aujourd'hui, c'est perturbant. Pour faire face, la meilleure attitude est encore celle de l'explorateur, qui s'aventure avec curiosité et confiance en terre inconnue, tente chaque jour des choses nouvelles, met en place des solutions temporaires, tire la leçon de ses expériences. Existe-t-il des personnes vraiment «résistantes au changement» ? Non, elles manifestent plutôt leurs appréhensions et un manque de pratique de l'inconfort des transitions. Car, au fond, le changement, c'est aussi le sel de la vie.

Si l'on persévère, au bout d'un certain temps d'exploration et d'ajustement, la nouvelle situation se clarifie. Il faut encore la consolider en adoptant les meilleures approches issues de la transition. On fait le tri, on garde les méthodes qui marchent et on délaisse les autres, on trouve ses marques et une nouvelle aisance. Après l'automne et l'hiver, c'est enfin le printemps, le renouveau... pour lequel le changement avait été engagé. Mais il a fallu courageusement traverser les trois étapes de la transition pour que la transformation s'opère. Peut-on accélérer le changement alors que le processus de transition est à ce point «organique» ? Oui, bien sûr, mais pas en tirant sur la plante pour la faire pousser plus vite. Plutôt en devenant de meilleurs jardiniers.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>

Auteur

  • De meryem Le Saget