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Les Pratiques

Les patrons polonais inventifs face à la pénurie

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 06.02.2007 | François Gault, à Varsovie

Confrontés à la fuite des compétences, les employeurs polonais rivalisent d'imagination pour renforcer leur attractivité à l'embauche. Des idées à creuser pour les PME françaises qui pâtiront des effets du papy-boom ?

En Pologne, la fuite des compétences vers l'Europe de l'Ouest développe l'imagination des chefs d'entreprise et des DRH. Ainsi, au début 2006, les 200 salariés de GM Records, un des plus grands producteurs de CD et de DVD du pays, n'en ont pas cru leurs yeux : les offres d'emploi de la société donnaient la priorité aux femmes enceintes de quelques semaines (certificat médical à l'appui) ou à celles qui planifiaient une naissance ! « Une femme avec un bébé n'émigrera pas, et elle est souvent plus efficace », constate Marek Grella, président de GM Records. Lors du dernier semestre 2006, trente jeunes femmes ont été recrutées de cette façon.

Des formules originales

La crise de la main-d'oeuvre perdure et il faut y faire face. « Aujourd'hui, constate Witold Orlowski, économiste, les entreprises ressentent de plus en plus cette pression. Le phénomène est arrivé beaucoup plus vite qu'on ne le pensait ! Jusqu'à l'été 2006, les employeurs étaient convaincus qu'ils trouveraient toujours de la main-d'oeuvre. C'est de plus en plus difficile. » Pour retenir le personnel, là où les pénuries sont les plus sensibles, certaines sociétés augmentent les salaires : environ + 20 % en six mois dans le bâtiment. D'autres cherchent des formules originales, comme une «prime de fidélité», versée deux fois par an.

Chez Koelner (800 salariés), on propose des «contrats de travail familiaux» : un pour chacun, mari, femme et grands enfants. « On s'expatrie plus difficilement lorsque toute la famille travaille dans la même entreprise », explique le président de Koelner. Une trentaine de familles ont signé. Autour de Katowice, employeurs et syndicats font ensemble du porte-à-porte pour inciter les salariés à rester au pays et à venir travailler chez eux...

Immigration boomerang

Parmi toute cette panoplie, l'immigration «boomerang» est en train de voir le jour : neuf sociétés espagnoles (électronique et agroalimentaire) ouvrent leurs portes dans le sud du pays. Les salariés sont en majorité des Polonais qui rentrent d'Espagne. Même politique chez Dell-Pologne (ordinateurs) : l'américain rapatrie dans son usine de Lodz, près de Varsovie, une centaine des 450 Polonais qui travaillaient en Irlande.

L'alimentation a sa variante : tous les six mois, une chaîne de boucherie industrielle envoie 200 ouvriers-bouchers en Hollande et en Allemagne. Leurs gains y sont deux à trois fois plus élevés qu'en Pologne, et ils ont la garantie de retrouver leur emploi au retour. La direction prend tout à sa charge.

Les employeurs polonais se félicitent de ces méthodes. Et le sociologue Janusz Czaplinski de pronostiquer : « Dans l'avenir proche, elles vont connaître une belle expansion ! »

Auteur

  • François Gault, à Varsovie