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Enquête

« L'identité au travail est une facette déterminante de la construction personnelle »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 17.04.2007 | G. L. N.

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« L'identité au travail est une facette déterminante de la construction personnelle »

Crédit photo G. L. N.

E & C : Qu'est-ce qui vous a conduit à mener une enquête auprès d'une trentaine de cadres désengagés, et à préparer votre ouvrage sur La tentation du retrait ?

J. G. : L'idée est née d'un travail précédent sur la question de l'égalité homme-femme (2). Il y était question, en particulier, du calcul dans la relation d'emploi, partant notamment de l'hypothèse d'Elisabeth Badinter selon laquelle on se trouvait à l'aube d'un retrait massif du monde du travail de la part des femmes diplômées, culpabilisées quant à leur rôle de mère. Mais nous avons constaté que les hommes aussi mesuraient leur engagement. La vingtaine d'entreprises auxquelles nous avons alors proposé ce sujet d'étude se sont toutes montrées intéressées, mais une seule a signé. Les DRH semblent un peu dans le déni sur ce point, en tout cas peu désireux de se trouver en situation délicate face à une étude fouillée sur le désengagement dans leur propre entreprise.

E & C : Qui avez-vous rencontré ?

J. G. : Nous avons cherché des cadres, généralement supérieurs, sortis du monde de l'entreprise. Certains sont devenus consultants free-lance, d'autres coachs, l'une est devenue enseignante, et plusieurs, femmes au foyer... La plupart sont des quadragénaires. Dans leur cas, les facteurs de démotivation propres à leur environnement professionnel se sont cumulés, ou ont été ressentis plus profondément au moment de la crise du milieu de vie. On se rend compte alors combien on est mortel, et qu'il reste peu de temps pour réussir sa vie. Et nous avons vu des cadres dirigeants ne plus jouer le jeu, forts d'une réussite sociale et financière préalable leur permettant la rupture. Pour les femmes de 30-35 ans, nous avons constaté une survalorisation de la maternité, avec la tentation du congé parental. Dans d'autres cas, cette situation peut aussi se traduire par un désengagement à l'intérieur de l'entreprise.

E & C : Quelles sont les raisons de ce désengagement ?

J. G. : Pour beaucoup d'entre eux, il était lié à une forme de quête identitaire. L'identité au travail est devenue une facette déterminante de la construction personnelle. Et un des facteurs qui poussent à rester est l'accomplissement social, malgré les promesses floues, les évaluations mal faites, et les exigences énormes de l'entreprise. Ces questions touchant donc aussi à l'intime, la rupture ou le désengagement sont d'autant plus brutaux.

(1) Auteure de La tentation du retrait, à paraître, aux éditions de L'Harmattan.

(2) De l'égalité à la diversité : les hommes, les femmes et les entreprises, éd. Lab'Ho.

Auteur

  • G. L. N.