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Enquête

En quête de la bonne solution

Enquête | publié le : 12.06.2007 | Christian Robischon

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En quête de la bonne solution

Crédit photo Christian Robischon

Agir sans provoquer la psychose : PSA Peugeot Citroën cherche encore la «bonne» graduation dans sa réponse aux suicides de cinq de ses salariés, dont trois le mois dernier, à Charleville-Mézières et Mulhouse. Des «cellules de veille » pour les «personnes en détresse» vont se mettre en place.

Quatre mois se seront écoulés entre le premier drame et le début de réponse du groupe PSA : fin mai, le constructeur a annoncé, en comité central d'entreprise, la mise en place dans ses usines de «cellules de veille». Il répond ainsi à la demande des syndicats qui ont réclamé une instance permanente et un plus large périmètre que les cellules psychologiques ouvertes aux proches collègues des décédés.

Harcèlement moral

Aux sites de s'organiser, selon le cadre fixé par la direction du groupe : « Les cellules de veille seront des lieux d'exercice de la parole, elles devront aider à repérer les personnes en détresse et à déterminer en quoi notre organisation du travail peut être un vecteur de mal-être. » Autre mesure dans les prochaines semaines : la création d'une rubrique «harcèlement moral» sur l'intranet, qui entend guider les potentielles victimes dans leurs démarches. Le groupe rappelle, cependant, combien il est difficile de discerner dans de tels gestes désespérés ce qui relève du contexte professionnel et ce qui découle de problèmes privés. Il a d'ailleurs été confronté aux circonstances les plus diverses de suicides depuis le début de l'année.

Début février, l'opérateur de maintenance de la fonderie de Charleville-Mézières s'est donné la mort hors du site, mais en mettant en cause sa hiérarchie. A Mulhouse, le suicide, en avril, d'un ouvrier est intervenu dans l'enceinte de l'usine, mais serait sans lien avec les questions professionnelles. En mai, trois salariés du ferrage du même site alsacien ont mis fin à leurs jours, hors du lieu de travail. Seule la CGT établit un rapport avec le travail.

Instance paritaire

Sans attendre la prise de position du groupe, Mulhouse a posé les jalons de sa propre réponse, dont l'esprit rejoint les cellules de veille : l'usine constituera, courant juin, un « groupe d'amélioration de progrès» (GAP). Cette instance existe déjà. Paritaire, elle réunit une dizaine de personnes, à l'initiative de la direction ou des syndicats, sur un problème précis, jusqu'à sa résorption.

Dans le passé, des GAP ont traité de la circulation des chariots élévateurs, de l'ergonomie de certains postes de travail, des organisations à adapter sur une nouvelle ligne de production, etc. « Ils rendent compte de leur activité en CE et débouchent sur des solutions bien concrètes », note la section FO de Mulhouse. Le nouveau GAP sera élargi aux médecins du travail. Il se penchera sur le moral des salariés, voire leur stress, et devrait proposer des « procédures d'alerte », de type numéro vert. « Il complétera nos niveaux d'écoute déjà multiples : entretiens individuels annuels, organisations syndicales, ergonomes, huit médecins du travail... », précise la direction du site.

Le bon médiateur

Trouver le «bon » médiateur pour ces questions sensibles, tel est le discours commun aux responsables syndicaux. Le temps est venu de s'y atteler car le plan de restructuration du groupe en cours de démarrage ne peut qu'augmenter le stress en raison de sa quête de productivité et des 4 800 suppressions de poste en France, estiment-ils.

La formulation des propositions diffère ensuite. « L'important, c'est d'identifier la porte où pouvoir frapper : pourquoi pas un représentant syndical ou les assistances sociales ? », souligne Michel Beauchot, secrétaire (FO) du CE de Charleville-Mézières.

Eteindre l'incendie

Beaucoup plus critique sur l'attentisme de sa direction locale, qu'elle perçoit comme « la volonté d'éteindre l'incendie », la section CGT de la fonderie ardennaise demande une remise à plat des conditions de travail et des rapports avec la maîtrise. Mais, pour tenir un rôle de médiateur, les médecins du travail ne recueillent pas les suffrages des organisations syndicales : ils sont jugés « pas assez neutres » et « pas formés à cela ».

PSA peugeot Citroën

> Activité : constructeur automobile.

> Effectifs : 205 000 salariés, dont 123 000 en France (10 500 salariés à Mulhouse et 2 500 à Charleville-Mézières).

> Chiffre d'affaires : 56,6 milliards d'euros en 2006.

Auteur

  • Christian Robischon