logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Atouts et chantiers de l'université

Enquête | publié le : 05.02.2008 |

Les universités ont des cartes à jouer face à la concurrence des écoles, et la plupart d'entre elles ont commencé à travailler sur leurs points faibles.

Insertion

La crise du CPE a été un révélateur : la crainte d'emplois précaires officialisés pour des cohortes d'étudiants a aussi été l'occasion d'un diagnostic sans fard. 11 % des diplômés étaient sans emploi trois ans après leur sortie de l'université ; un étudiant sur cinq quitte l'université sans diplôme. La loi Pécresse inscrit désormais l'insertion parmi les missions des universités. La commission Hetzel, en 2006, avait mis l'accent sur les stages et le suivi de l'insertion des étudiants.

Beaucoup d'universités ont déjà travaillé dans ce sens avec des bureaux des stages, le recensement des demandes d'emploi... Le réseau des IAE a, par exemple, lancé une démarche de certification, dont le référentiel, au chapitre de la qualité des relations avec le monde économique, intègre le recueil d'informations sur le recrutement et les moyens de s'y préparer. Sept IAE sont déjà certifiés, une vingtaine d'autres s'y préparent.

Professionnalisation des études

Stages : la plupart des universités ont compris que l'absence de stages obligatoires et la méconnaissance du monde de l'entreprise avaient desservi leurs étudiants. Les bureaux des stages se sont multipliés bien avant la loi Pécresse. Les sites de mise en relation autour de l'offre de stages favorisent cette acculturation. C'est, par exemple, l'objectif de PlaceOJeunes, plateforme de diffusion d'offres de stage et de premier emploi, créée il y a six ans, qui s'ouvre aux formations universitaires.

Cet outil permet aux employeurs de diffuser des offres sur les seuls intranets des écoles et des universités de leur choix, facilitant le traitement des candidatures. Pour l'heure, quelques universités comme Paris-11 ou l'université de Bretagne sud (UBS) ont amélioré leur placement de jeunes stagiaires et premiers emplois, notamment à travers ce site. L'UBS a aussi créé un observatoire de l'insertion professionnelle. « Depuis plus de quatre ans, nous examinons l'insertion de tous les diplômés LMD, dix-huit mois après l'obtention du diplôme, précise Eric Martin, président de l'UBS ; 95 % des enquêtés sont en situation d'activité. En cas de variation, nous recherchons immédiatement les causes. »

Partenariats entreprises : le sujet fait encore débat au sein du monde universitaire, où certains craignent que le savoir soit bradé sur l'autel des réalités économiques et que certaines filières moins proches que d'autres du monde de l'entreprise (philosophie, langues anciennes...) ne s'épuisent faute de financements.

Néanmoins, beaucoup de facs tissent des liens étroits avec le tissu économique de leur région (lire p. 25 et 26).

La profession bancaire, notamment, est friande de ces rapprochements, et vient de signer des partenariats de financement de cinq chaires d'enseignement, dont trois avec des universités. Le CFPB, organisme de formation du secteur, envisage de proposer à d'autres universités un cursus passerelle, existant déjà à Nancy, et qui permet aux étudiants littéraires et de sciences sociales de rejoindre un master banque-finances.

Partenariats écoles : écoles et universités ont commencé à monter des cursus en commun, pour capitaliser sur leurs atouts respectifs. Par exemple, l'IAE de Corte, en Corse, propose, en partenariat avec l'école de commerce et de gestion de Saint-Denis, DGC, un master en science du management, en alternance ; 500 étudiants sont inscrits dans cette filière IAE/DGC. Un programme qui permet à l'institut de Corte de s'affranchir des limites géographiques de l'île et d'accéder à un réseau d'entreprises plus dense.

Réseau

« On touche là l'une des principales différences entre les écoles et la majorité des universités, où on en est parfois à recenser les anciens », reconnaît un professeur d'IAE. Le réseau des anciens élèves assure, en partie, la qualité de l'insertion des jeunes diplômés d'écoles et explique la politique souvent conservatrice de certaines grandes entreprises en matière de recrutement.

Lisibilité de l'offre

Le foisonnement des cursus reste un point faible de l'université dans la mesure où il est encore peu lisible par les entreprises et les recruteurs. Mais la réforme LMD (licence, master, doctorat), qui s'aligne sur les équivalences européennes depuis la rentrée 2004, permet une meilleure compréhension des niveaux de diplôme. D'autre part, les sites d'offres de stage, de premier emploi et de mise en relation des employeurs avec les écoles et les universités correspondantes recueillent de plus en plus de demandes.

Employabilité

Les écoles, grâce à leurs relations de longue date avec les entreprises, peuvent mettre en avant le caractère rapidement opérationnel de leurs diplômés. Mais les recruteurs commencent à considérer que les universitaires ont des capacités à s'adapter et à évoluer.

« Si les écoles sélectionnent à l'entrée, les universités, qui ont fait face à la massification de l'accès aux études supérieures, sélectionnent en cours de route, considère l'un d'eux. Ceux qui parviennent au bout de cursus longs et moins encadrés que dans les écoles sont à tout le moins organisés et motivés. » Ils sont le produit d'un élitisme démocratique, selon l'expression d'un professeur d'IAE, là où les déterminants sociologiques sont forts dans les grandes écoles.

Réputation

Excepté pour les plus prestigieuses d'entre elles, les universités ont encore du retard à combler en matière de réputation, même si le comportement des recruteurs a déjà changé.

Il reste que, dans la plupart des cas, les salaires de départ, à postes équivalents, sont 20 % supérieurs, ou davantage, en faveur des diplômés d'écoles.