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Une porte entrouverte pour les littéraires

Enquête | publié le : 05.02.2008 |

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Une porte entrouverte pour les littéraires

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Accéder à un nouveau vivier, celui des filières sciences humaines des universités, est le but des entreprises qui participaient à Phénix. La première promotion ne compte que 35 embauchés triés sur le volet. Mais toutes renouvellent leur partenariat cette année.

L'opération Phénix, lancée le 2 février 2007, visait à faire entrer en entreprise 60 étudiants à la tête bien faite, mais dont la filière n'est pas professionnelle. A l'initiative de PricewaterhouseCoopers et avec l'appui du Medef, six entreprises ont accompagné l'opération : Renault, Axa, Coca-Cola Entreprise, Siemens, HSBC et la Société générale. Après Marne-la-Vallée, cinq universités franciliennes ont mis leurs étudiants en relation avec les entreprises.

Contrat de professionnalisation

L'opération Phénix ne s'adressait qu'aux étudiants ayant réussi un master 2 recherche. Les postes proposés étaient tous des CDI sous forme de contrat de professionnalisation. Pour chaque candidat retenu, l'entreprise a financé trois mois de formation : connaissances macroéconomiques, finance, commerce, droit, marketing, contrôle de gestion. Le 2 mai, le premier forum emploi a eu lieu sur le campus de Marne-la-Vallée. En juin, le recrutement a démarré. Au total, 160 étudiants se sont portés candidats et 35 ont été retenus.

« C 'est un demi-succès », a jugé Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur. Le calendrier s'est révélé trop court pour tenir les objectifs quantitatifs. « Nous avons dû créer 380 heures de cours, explique Eric Bertier, responsable RH chez PWC France. Cela ne s'invente pas. »

Haut niveau d'exigence

Autre handicap, le poids des représentations. « Les étudiants de ces filières se voient avant tout dans l'enseignement, la recherche, les portes de l'entreprise leur paraissent fermées, détaille Jean Bernard, représentant du syndicat TNT-Confédération étudiante, qui s'est impliqué pour faire connaître l'opération. Changer cette mentalité nécessite un travail en profondeur. »

Mais la qualité de la démarche a satisfait les entreprises partenaires. Le processus de recrutement a maintenu un haut niveau d'exigence. « Nous proposions cinq postes et nous avons recruté deux master en philosophie, nous avons respecté notre ratio habituel », certifie Héléne Tavier, chef du service recrutement des cadres chez Renault.

Parcours spécifique

La banque HSBC a fait passer un processus d'évaluation aux 54 candidats qui l'avaient contactée. Test d'intelligence verbale, d'intelligence numérique, questionnaire de personnalité, entretiens... « On les a recrutés sur leur compétence personnelle et leur motivation et non sur la compétence technique, dit Véronique Leenhardt, responsable sourcing et relations écoles chez HSBC. Aujourd'hui, ils suivent un parcours spécifique pour des postes commerciaux et d'analyste-crédit. » HSBC avait six postes à pourvoir et a retenu quatre étudiants. Ils seront opérationnels en juin 2008.

PWC, qui a embauché 520 jeunes au total en 2007, a capté 90 dossiers grâce à Phénix. Seize étudiants, dont dix filles, ont été embauchés, la moyenne d'âge étant de 24 ans. Leur profil ? Lettre, philosophie, histoire, archéologie. Ils sont, aujourd'hui, à des postes d'audit, de consultant, de fiscaliste. Et aucun risque n'a été pris, les candidats satisfont aux exigences des postes.

« Nous ne sommes pas des philanthropes, justifie Eric Bertier. L'offre est déjà tendue pour les bac + 5, les banques et les assurances assèchent le marché. Pour demain, l'évolution démographique annonce une pénurie de ressources qualifiées. En nous implantant aujourd'hui dans les universités, nous gérerons au mieux notre recrutement dans l'avenir. » A tel point que l'opération se poursuit. Cette année, côté entreprises, trois grands noms de l'industrie et des services rejoignent les pionnières, et, côté universités, Cergy-Pontoise et Paris-5 ouvrent leurs portes. Le Medef, quant à lui, a décidé d'apporter son appui pour étendre à d'autres territoires la démarche francilienne.