Au sommet des entreprises, le caractère «politique», c'est-à-dire «stratégique» de l'activité de direction ne fait guère de doute. Mais, pour Frederik Mispelblom Beyer, l'employé lambda met également en oeuvre des stratégies pour faire face aux différentes situations rencontrées dans le cadre professionnel.

L'objectif de l'auteur est de faire ressortir cette dimension politique du travail ordinaire pour lui redonner ses lettres de noblesse, sa grandeur, son caractère de lutte existentielle. Pour ce faire, il se dégage d'une approche techniciste et économiste du travail, fondée sur l'idée que les collectifs du travail sont uns et indivisibles.

Les marges de manoeuvre individuelles existent et les prises de position subjectives varient. Dans ce sens, les différentes inflexions données sont des micro-politiques au quotidien. Le collectif, peu à peu, se crée ou, au contraire, échoue à se créer, au fil des paroles échangées pour porter, défendre, expliquer ces prises de position. D'où l'importance de l'analyse du langage au travail à laquelle s'astreint l'auteur. D'où, également, le fait que les «orientations du travail», dont il est question dans ce livre, sont toujours relativement singulières, voire locales, c'est-à-dire relatives au sens propre à un lieu de travail, à un service, à une histoire d'entreprise.

Frederik Mispelblom Beyer est professeur de sociologie à l'université d'Evry.